Labrid?s dans l'aquarium r?cifal

Texte et photos: Prof. Dr. Ellen Thaler

Les Labrid?s constituent l'une des plus grandes familles de poissons: 60 genres avec plus 500 esp?ces (SCOTT 1988), dont l'appartenance au genre est souvent incertaine. De plus toutes les esp?ces ne sont pas encore recens?es, nombre d'entre elles attendent probablement encore leur d?couverte; effectivement chaque ann?e de nouvelles esp?ces non d?crites s'ajoutent, voir B. Kuiter et al. (1999), Randall et al. (1981). La responsabilit? en incombe ? la forte expansion de la plong?e au cours de ces derni?res ann?es. De plus en plus de syst?maticiens suivent d?sormais les objets de leurs recherches dans toutes les profondeurs marines.

Pseudocheilinus hexataenia, remarquez la coloration de l'oeil

Les Labrid?s semblent repr?senter un groupe relativement vari?. Les ?normes diff?rences de taille sont ? elles seules impressionnantes, par exemple en comparant le labre Napol?on (Cheilinus undulatus) et le minuscule labre ? six bandes (Pseudocheilinus hexataenia). Le premier peut d?passer deux m?tres et peser presque 300 kg et est ainsi le plus grand poisson osseux r?cifal, un g?ant affable et curieux, bien connu de tous les plongeurs. Il partage effectivement le m?me biotope avec le minuscule labre ? six bandes, long de 6 cm et ? peine remarqu? par les plongeurs.

Les labrid?s fr?quentent de nombreux biotopes divers

Les labrid?s colonisent tous les habitats imaginables, les zones d'eau peu profonde comme les profondeurs de plusieurs centaines de m?tres. Ils sont capables de se sp?cialiser sur des types de r?cifs coralliens tr?s pr?cis (par exemple des groupes compacts d'Acropora) ou ils habitent des habitats r?cifaux mixtes, des for?ts de gorgones, des lagunes avec des algues et des zost?res, des zones de sable fin et d'?boulis de corail, des syst?mes de crevasses, des grottes ou des structures ressemblant ? des grottes telle la face pro?minente inf?rieure de coraux plateaux (comme les esp?ces d'Acropora du groupe A. hyacinthus) ou les cavit?s des grosses ?ponges. Les exigences alimentaires et leurs m?thodes de chasse sont tout aussi variables : ils chassent des organismes planctoniques en pleine eau, capturent de minuscules crustac?s et crevettes dans le d?dale des algues, d?terrent des crabes ou des vers polych?tes, croquent des escargots et des coquillages et ce faisant retournent de grosses pierres ou des d?bris de coraux, qui repr?sentent plusieurs fois leur poids corporel. Ils brisent de grosses proies dures, en les frappant vigoureusement contre des ar?tes rocheuses. Il ne s'agit pourtant pas comme d?crit ? tort d'une soi-disant ? utilisation d'outil ?, car il leur faudrait se procurer une pierre et l'utiliser comme "marteau" ! Ils consomment du frai mais aussi des petits poissons, poursuivent avec obstination des poissons qui fouillent le substrat comme les raies ou les Mullid?s, afin de saisir rapidement tout ce qui leur ?chappe.

Paracheilinus octotaenia en coloration de pariade se fait nettoyer

Sp?cialisation Imaginative/ing?nieuse

Ils utilisent m?me les formations de chasse maquereaux, afin de s'approprier ? la vitesse de l'?clair ce que ces chasseurs hautement sp?cialis?s d?busquent ! Quelques esp?ces consomment ?galement de la nourriture v?g?tale. De nombreuses esp?ces se nourrissent de parasites de la peau et des branchies de poissons plus grands, du mucus de la peau et de morceaux de nageoires, ils exercent ces activit?s de nettoyage soit durant toute leur vie, soit seulement durant leur jeunesse. De rares esp?ces consomment de temps ? autre des polypes de coraux et seules deux esp?ces en ont fait une sp?cialit?. Sous cet aspect, les labrid?s constitueraient vraiment les habitants id?aux pour chaque bac r?cifal ! Le sont-ils r?ellement ? C'est ce que nous verrons plus tard.

Aussi vari?e que semble ?tre la famille des labrid?s, il existe cependant des caract?ristiques communes au genre : ils sont hyperactifs, toujours en mouvement, curieux et souvent franchement casse-pieds ! Ils sont exclusivement actifs durant la journ?e, se r?veillent relativement tard et vont dormir de bonne heure et de nombreuses esp?ces s'enterrent durant la nuit plus ou moins profond?ment dans le sable. D'autres dorment dans de minces fentes et s?cr?tent alors, comme les poissons-perroquets une enveloppe de mucus transparente, dans laquelle ils sont manifestement camoufl?s de mani?re olfactive ? l'abri des pr?dateurs nocturnes. Leurs nageoires pectorales sont le plus souvent transparentes et semblent frêles, mais constituent d'efficaces organes de d?placement: les Labrid?s sont des nageurs pectoraux, ils se meuvent avec souplesse et ? la vitesse d'une fl?che. C'est la raison pour laquelle les genres de la famille des Labrid?s sont les mod?les favoris pour les nageurs imitateurs lents comme Amblygobius rainfordi, qui ressemble de fa?on trompeuse ? Halichoeres melanurus.

Les nageoires trahissent le mode de vie

La forme de la nageoire ventrale permet des conclusions concernant le mode de vie de certains Labrid?s : si cette nageoire est robuste, ses rayons rigides (comme par exemple chez Halichoeres, Tahler 1999), nous sommes en pr?sence d'habitants de zones aquatiques plates, fortement brass?es, turbulentes comme les canaux des lagunes. Ils utilisent leur nageoire ventrale comme crampon ou appui, lorsqu'ils chassent des proies dans le ressac.

La nageoire dorsale continue et particuli?rement sa partie arri?re molle, est ?tendue lors des comportements de domination et de parade et pr?sent?e avec un mouvement vibratoire/ondulatoire. Le plus souvent sa coloration est remarquable et le poisson en pariade peut la modifier de mani?re qu'il ne puisse plus ?tre reconnu !

Confusion due ? des patrons colorim?triques modifi?s

En outre, de nombreux Labrid?s font partie des repr?sentants les plus color?s des poissons coralliens, ? peine une autre famille de poissons pr?sente un patron de couleur aussi raffin?. Certes les Labrid?s partagent avec tous les Perciformes la capacit? de changement de sexe, mais l'une des particularit?s de presque tous les Labrid?s r?side dans le fait que le changement d'un stade juv?nile pr?coce et/ou femelle en m?le primaire et parfois secondaire est accompagn? de modifications spectaculaires de couleur et de corps. Le m?me poisson peut montrer durant divers stades d'?ges jusqu'? quatre morphes compl?tement diff?rentes de couleurs qui sont le plus souvent accompagn?es de modifications corporelles. Les couleurs de transition peuvent aussi ?tre tr?s diff?rentes.

Ceci se traduit ?galement dans la litt?rature de d?termination : Dans certains livres de d?termination de nombreuses esp?ces sont list?es sous deux ou trois noms diff?rents. Burgess et al. (1988) constitue une v?ritable mine pour de tels exemples. Dans les ouvrages de r?f?rences plus r?cents la situation s'am?liore : des observations faites ? partir de la nature portent un jugement critique (Debelius, 1993 ; G?thel, 1994). Finalement des observations en aquarium peuvent aussi contribuer ? ?claircir les modifications confuses de forme et de couleur li?es au sexe.

Comportement int?ressant

Justement ces avantages sexuels complexes permettent de supposer des modes de comportements int?ressants dans le jeu des sexes - et effectivement nous trouvons l? des rituels de comportement extr?mement excitants durant la pariade ou aussi lors des comportements de domination et de menace, qui sont mis en oeuvre aussi bien envers le partenaire que lors de la d?fense du territoire.

La forme sociale la plus r?pendue chez les Labrid?s est le harem, un m?le terminal vit avec un grand nombre de femelles diff?rentes, comme par exemple chez le genre Macropharyngodon. Les labres nettoyeurs peuvent se pr?senter en couple ou aussi en petits harems, probablement que la productivit? de la station de nettoyage correspondante d?termine le nombre possible de nettoyeurs. Les esp?ces du genre Thalassoma vivent en contrepartie en grands groupes l?ches hi?rarchis?s (en d?pendance avec l'?ge ?) La formation de couple monogame est plut?t rare, certaines esp?ces semblent vivre en solitaires en dehors de la courte p?fiode de pariade, des observations circonstanci?es ? ce sujet font d?faut. L'impressionnante capacit? du changement de couleur command? par le sexe peut se d?rouler sur une p?riode de longueurs variables. Souvent des facteurs environnementaux y participent. Chez de nombreuses esp?ces de Thalassoma et quelques esp?ces de Halichoeres les petits m?les primaires aux couleurs f?minines peuvent donner de grands m?les terminaux color?s et tr?s agressifs, lorsqu'il y a de la nourriture en exc?s et suffisamment de place pour la formation de grands territoires. Si l'espace vital et la nourriture sont trop justes, les m?les terminaux seraient mal plac?s comme trouble-f?te toujours pr?ts au combat! Nous en trouvons des exemples chez Turner (1993) et Warner et al. (1980). Le changement de couleur sexuellement motiv? se produit aussi de mani?re spontan?e, en quelque sorte "d'une seconde ? l'autre". Ceci se produit de mani?re particuli?rement impressionnante chez les esp?ces paradant et dans ce cas le m?le est d?j? sexuellement d?termin?, mais montre sa masculinit? seulement au cours de la pariade durant une seconde. Particuli?rement les esp?ces de Paracheilinus et Cirrhilabrus montrent des comportements de pariade impressionnants. Dans certains espaces vitaux plusieurs esp?ces d'aspect similaire proches parentes vivent et paradent ensembles dans un espace restreint (Kuiter et al. 1999). Une hybridation est ?vit?e par des habits de pariades diff?rents, mais aussi par d'autres profondeurs et horaires au cours desquels se d?roulent ces pariades. Mieux que des descriptions des images de ces s?quences de pariades sont plus ?loquentes ! Les Labrid?s tropicaux n'effectuent pas de soin parental, ils ?mettent des oeufs d?mersaux, plus l?gers que l'eau et qui d?rivent avec le courant sur de longues distances sous forme de plancton. Leur vie durant de nombreuses esp?ces pondent chaque jour ! Par contre certains Labrid?s de M?diterran?e pratiquent le soin parental, ils construisent des nids et y attirent une ou plusieurs femelles pour la ponte, surveillent ensuite le nid et la ponte jusqu'? l'?closion.

Portrait de Paracheilinus octotaenia, m?le M?le de Paracheilinus flavianis (avant : P. carpenteri) en d?but de pariade
Cirrhitabrus exquisitus, femelle M?le de Paracheilinus filamentosus, en pleine parade

Labrid?s dans l'aquarium
. Ne pas maintenir des esp?ces atteignant une grande taille. Les Labrid?s grandissent vite !
. L'aquarium doit ?tre con?u de mani?re tr?s vari?e, pr?senter des fentes et des grottes larges et ?troites, pas de mur r?cifal de construction compacte.
. Une zone de sable fin d'au moins cinq centim?tres d'?paisseur et si possible aussi des surfaces avec de gros morceaux de d?bris coralliens.
. Une alimentation suffisante et vari?e, si possible plusieurs fois par jour.

Les Labrid?s en aquarium

En principe de nombreux genres de Labrid?s y conviennent parfaitement. Toutefois il faut respecter quatre conditions importantes :

Pas d'esp?ces atteignant une grande taille

Contrairement aux autres esp?ces ? croissance plut?t lente (comme les poissons-anges ou les chirurgiens) les Labrid?s atteignent leur taille finale, pour autant qu'ils soient maintenus dans des conditions respectueuses de l'esp?ce, m?me dans de petits bacs. De nombreuses esp?ces, qui sont ravissantes comme poissons juv?niles, comme les repr?sentants des Cheilininae (Novaculichthys taeniourus) ou les esp?ces de Coris ne conviennent pas pour un aquarium normal. Aucun corail ne r?siste ? leur instinct d'activit? et comme tous les Labrid?s ils sont tr?s gourmands, aucune pierre ne reste empil?e sur une autre. Il faut absolument s'informer avant dans la litt?rature comp?tente au sujet de la taille qu'un tel h?te peut atteindre, car il l'atteindra effectivement.

Coris gaimard. Un mâle primaire est en train de creuser dans les débris, à côté de lui un juvénile dans la remarquable coloration de poisson-clown.

D?coration vari?e de l'aquarium

Comme dit, les Labrid?s sont en activit? constante ?tant des poissons malins tr?s curieux * On peut m?me leur apprendre des tours d'adresse compliqu?s ; mon couple de Gomphosus varius a tr?s rapidement appris ? ouvrir une bo?te de plexiglas afin d'obtenir une friandise ! Des bacs ? l'agencement uniforme transforment tous les Labrid?s en n?vros?s, qui ne nagent plus que des tours st?r?otyp?s, ?tant donn? qu'ils ont rapidement compris que rien ne peut satisfaire leur besoin d'activit?. Plus la d?coration est de conception vari?e, plus il y a de passages ? traverser, qui cachent peut ?tre quelque chose de comestible, plus leur vie sera agr?able. Pour un Labrid? la plus belle for?t d'Acropora est monotone, de petits ?lots d'algues ou des roches recouvertes d'algues dans lesquels ils peuvent chercher des micro-organismes sont plus passionnants !

Zones sablonneuses ?paisses

Des zones sablonneuses ? fine granulom?trie sont vitales pour certaines esp?ces dormant dans le sable. Mais ceux qui dorment dans les coraux ou les fentes rocheuses aiment fouiller dans le sable. Plus il y a des zones de substrat libre et sans d?coration, plus nos h?tes sont ? l'aise, car presque toutes les esp?ces de Labrid?s utilisent de telles surfaces de pierres, creusent, les remanient et sont agr?ables ? observer durant ces actions.

Alimentation vari?e

L'alimentation constitue le point le plus important ! Aucune autre famille de poissons ne r?agit de fa?on aussi n?gative envers une p?nurie de nourriture. Les esp?ces pacifiques deviennent agressives, les chasseurs calmes soit se cachent afin d'?conomiser de l'?nergie ou ils sautent hors du bac. La p?nurie de nourriture transforme presque tous les Labrid?s en b?tes f?roces, qui accaparent tout ce qui est mangeable gr?ce ? leur vitesse et leur agilit?, bien avant que d'autres habitants n'aient une chance. Tout soigneur de Labrid?s peut constater que dans un m?me bac les Anthias et les gobies maigrissent et meurent de faim m?me en pr?sence d'une alimentation suffisante, tandis que les Labrid?s sont gras et ronds ! Les Labrid?s affam?s constituent une plaie pour chaque bac corallien : ils commencent ? tout tirailler, mordent les coquillages et les coraux, chassent les autres poissons et commencent bient?t ? pr?senter des st?r?otypes insupportables : ils empruntent toujours la m?me trajectoire ? travers l'aquarium, le plus souvent le long de la vitre frontale.
Il faut donner aux Labrid?s une large palette de nourritures surgel?es les plus vari?es, de grosses proies ? carapace - crevettes ou mysis - peuvent les occuper un moment. De plus il faut aussi leur offrir beaucoup de petits aliments comme des cyclops ou aussi des art?mias vivants. Ils sont alors occup?s durant des heures, ? cueillir dans la d?coration ces minuscules particules alimentaires.

Les labres nettoyeurs en aquarium

Il ne faut maintenir les labres nettoyeurs, que s'il y a assez de clients dans le bac. Des nettoyeurs affam?s peuvent mettre en col?re des petits poissons sains et m?me tuer de petits poissons malades pr?sentant des d?fauts de peau avec leur rage de nettoyage. De petits poissons avec une robe ? base de points clairs sur un fond sombre sont importun?s en permanence (Thaler 1995). Et : justement les poissons nettoyeurs doivent ?tre maintenus au minimum en couple. Ils pondent chaque jour et peuvent mieux diminuer leur activit? d?bordante. Des attaques envers des invert?br?s sessiles ne se produisent pas dans ce cas.

Juste encore un point important : n'utilisez jamais un labre ? cause de son ?ventuelle capacit? ? avaler des parasites de coraux. Certes de nombreuses esp?ces consomment des planaires, des vers polych?tes, des nudibranches et autres organismes semblables. Pourtant il n'existe pas d'esp?ce dont c'est la sp?cialit? de consommer de tels parasites. Si dans ce cas le poisson n'est pas suffisamment nourri, il ne reste pas longtemps vivant avec le r?gime planaires, car ceux-ci contiennent des substances toxiques ! Mais s'il est bien nourri, il consommera tout autant de planaires, mais seulement s'il en a vraiment envie !

Maintenance des labres en couple

En ce qui concerne l'association : g?n?ralement (presque) tous les labres sont faciles ? maintenir en couple ou en petits harems, souvent beaucoup mieux que cela n'est le cas avec des individus uniques - a condition qu'il y ait assez de nourriture. Toutefois il faut tenir compte du fait que de nombreux genres changent obligatoirement de sexe, donc tous en m?les et ils deviennent alors extr?mement agressifs. il convient donc d'observer avec attention ses poissons. Des vell?it?s de combat latentes constituent un signe sûr de s?paration des animaux et d'addition d'un poisson plus petit se trouvant encore au stade de femelle. La classification syst?matique adopt?e est celle de Lieske & Myers (1994)

Hypseginyini
Il s'agit de Poissons atteignant une taille importante avec une m?choire impressionnante pr?sentant souvent des dents pro?minentes. Des esp?ces restant plus petites peuvent aussi devenir d?sagr?ablement agressives, comme par exemple le charmant Bodianus bimacuiatus. Par contre le labre arlequin, Choerodon fasciatus, avec ses dents pro?minentes ? l'aspect dangereux est un labre absolument pacifique, qui n'utilise sa m?choire que pour d?placer des ?boulis ou croquer des carapaces de crabes. Il s'agit toutefois d'un h?te extr?mement sensible durant le transport, sa taille doit ?galement ?tre prise en consid?ration.

Chellinini
Les poissons de ce groupe deviennent trop grands ? part de rares exceptions ! Le petit labre vert, Novaculichthys macrolepidotus retourne avec trop d'assiduit? les pierres !

Cheilini
Cette tribu rassemble les plus beaux, les plus color?s des labres de petite taille ! Une fois acclimat?s, ils sont faciles ? maintenir, h?tes agr?ables qui bien nourris - et uniquement dans ce cas - ex?cutent des rituels de pariades d'une invraisemblable beaut?. Les harems masculins flamboient tels des com?tes devant leurs femelles, exposant leurs nageoires avec des patrons aux couleurs psych?d?liques, arborant et faisant dispara?tre tr?s rapidement ces cascades de couleurs. La pariade peut se passer avec de rapides manceuvres de pivotement. Les femelles sont entour?es comme chez les Anthias en une parabole tendue ou ? l'homme ? fonce ? la vitesse de l'?clair sur la femelle nageant plus bas. Ces actions abruptes peuvent effrayer les autres poissons au point qu'ils sautent hors du bac! Le danger existe en permanence que les labres nains sautent eux-m?mes du bac au cours de ces pariades. A la longue ils ne peuvent ?tre maintenus que dans des bacs bien couverts. Toutes les esp?ces de Cirrhilabrus et de Paracheilinus sont des chasseurs de plancton, qui se tiennent en pleine eau et utilisent ainsi beaucoup d'?nergie. S'ils commencent ? se cacher, ceci constitue le signe d'une alimentation insuffisante, car ceci oblige les poissons ? des mesures d'?conomie !
Les esp?ces de Pseudocheilinus se comportent diff?remment : elles chassent de petits crustac?s benthiques, fouillent la plus petite des fentes, s'immiscent dans chaque grotte et sont en mouvement permanent. L'iris divis? en longueur, qui leur conf?re un regard oblique caract?ristique, signifie que ces petits poissons sont capables de fixer leur proie avec une vision binoculaire, c'est ? dire avec les deux yeux en m?me temps pardessus la pointe de la gueule. lis peuvent ainsi rep?rer des crustac?s dans les plus petites fissures ! Attention : de nombreuses esp?ces sont agressives envers des concurrents alimentaires. Les minuscules labres ? six bandes, Pseudocheilinus hexataenia sont capables de terroriser un aquarium entier.

Julidini

Deux jeunes Anampses chrysocephalus. Les mâles adultes ont une tête rouge, une nageoire caudale transparente avec un liseré noir.
Anampses neoguinaicus, juvénile. La coloration adulte est encore inconnue.

Il s'agit du groupe de labres les plus polymorphes et les plus grands. Outre les esp?ces de grande taille, certes magnifiquement color?s, mais plut?t grossiers, nous trouvons les repr?sentants les plus doux, les plus ?l?gants comme par exemple le genre Anampses. Il s'agit de poissons restant plut?t petits, qui pr?sentent un patron ? moucheture ou ? rayures claires sur un fond sombre. Toutefois ils font partie des h?tes les plus sensibles et les plus d?licats parmi les labres, ils ont souvent des exigences alimentaires impossibles ? satisfaire (par exemple Anampses crysocephalus sp?cialiste alimentaire des sabelles et des n?mertiniens) et souffrent rapidement des concurrents alimentaires ou de compagnons de bac agressifs. Justement Anampses crysocephalus n'a rien ? voir dans nos bacs, il est certes magnifique mais ne peut ?tre conserv? longtemps.
Toutes les esp?ces de Coris sont plut?t ? consid?rer avec prudence, certaines deviennent tr?s grandes, atteignent 150 cm ! Comme justement des Coris parviennent toujours chez les commer?ants au stade juv?nile particuli?rement color? ressemblant ? des poissons-clowns, il faut dans chaque cas bien s'informer avant. Il en va autrement du genre Halichoeres riche en esp?ces, nous y trouvons des esp?ces restant petites en taille, repr?sentants ?galement agr?ablement color?s, qui peuvent constituer de bons habitants d'aquariums. Halichoeres marginatus est consid?r? comme un bon consommateur de planaires. La plupart des Macropharyngodon pr?f?rent les sabelles aux polych?tes ! Le labre citron, Halichoeres chrysus, connu et appr?ci? et le labre arc-en-ciel, H. iridis, changent obligatoirement de sexe : aussi longtemps qu'ils sont jeunes, ils peuvent ?tre maintenus en paire ou petit groupe, mais au bout de deux ann?es des agressions ?clatent, qui souvent se terminent mal pour tous les combattants : blessures et stress sont mortels pour les attaquants comme les poursuivis.
Les esp?ces des genres Hemigymnus et Hologymnus deviennent en g?n?ral trop grandes bien qu'il existe des esp?ces tr?s belles restant petites, mais qui apparaissent ? peine dans le commerce. Gomphosus varius et G. coeruleus deviennent ?galement relativement grands, constituent toutefois un enrichissement pour de grands aquariums r?cifaux peupl?s d'esp?ces pas trop petites ou trop sensibles. Ils sont en mouvement permanent, espionnent tous les recoins, ne d?placent toutefois pas de pierres. Bien nourris, ils ne mangent, contrairement ? ce qui se lit dans la litt?rature courante, ni poissons ni crevettes nettoyeuses. Ils ne font cela que s'ils sont proches de la mort par faim. Ceci est du reste aussi valable pour beaucoup d'autres familles comme les balistes, les Perciformes, etc. Dans le r?pertoire comportemental de chaque poisson r?cifal une inhibition alimentaire envers les crevettes et les poissons nettoyeurs est g?n?tiquement ancr?e.

Macropharyngodon choati, mâle adulte.
Macropharyngodon ornatus, mâle en cours de coloration définitive.

Le genre Macropharyngodon est pr?sent? dans un autre article.
Les esp?ces du genre Pseudocoris sont petites, moins attractives peut-?tre, ? cause de la coloration brune et verte; il s'agit essentiellement de poissons habitant les prairies d'algues. De nombreuses esp?ces vivent dans des eaux peu profondes, dans l'ensemble il s'agirait de poissons recommandables pour l'aquarium. lis sont toutefois largement inconnus, peut-?tre trop sensibles au transport ?
Toutes les esp?ces du genre Thalassoma comportent, comme chez les Coris, des esp?ces incroyablement color?es au dessin magnifique. Malheureusement la totalit? d'entre elles n'est pas particuli?rement recommandable pour la maintenance en aquarium et certes pas seulement parce qu'?ls deviennent relativement grands. Il s'agit de nageurs sans exception extr?mement actifs, qui arrachent sans piti? ? un concurrent alimentaire chaque bouch?e ou qui l'?vincent. Ils commencent t?t ou tard, ? st?r?otyper dans tout aquarium et offrent alors pour un aquahophile sensible une image angoissante. Leur nervosit? se transmet finalement ? tous les habitants de l'aquarium (et aussi ? l'observateur !) car un plongeur qui a ?t? suivi et v?ritablement encercl? dans la nature par un groupe indiscret de ces labres, d?s qu'il a boug? une petite pierre, peut s'imaginer, ? quel point cela peut rendre nerveux les autres poissons d'un bac r?cifal.
L'ensemble du groupe des labres comporte de nombreux genres et groupes d'esp?ces, pour lesquels il est justement vital de dormir plus ou moins profond?ment enterr? dans le sable. Sont concern?s Anampses, Halichoeres, Coris, Macropharyngodon et encore quelques autres esp?ces. En sont-ils emp?ch?s, ceci signifie pour eux un ?norme stress ! Il faut remplir au moins une zone limit?e du bac avec du sable fin, Un ?boulis grossier, aux ar?tes vives peut les blesser lors de leurs essais d'enfouissement au point qu'ils en meurent. Un sol en verre d?nud? signera leur arr?t de mort. Ce comportement inn?, de passer la nuit dans le sable, comporte encore d'autres difficult?s et explique pourquoi nombre de ces esp?ces sont particuli?rement sensibles au transport. Ils s'adaptent beaucoup plus lentement que des poissons "dormeurs libres" ? la diff?rence de temps entre le pays d'origine et le pays d'importation. Souvent il leur faut supporter plusieurs de ces sauts horaires, ne se r?veillent que lorsqu'il fait nuit et ils meurent rapidement de faim, s'ils ne sont pas ?clair?s en compl?ment et nourris durant la nuit. J'ai v?cu ceci personnellement avec des poissons p?ch?s par moi-m?me : ils ?taient compl?tement acclimat?s uniquement apr?s 18 (!) jours. Du reste nous n?cessitons ?galement ce laps de temps, lorsque nous sommes rest?s assez longtemps en Australie ou un pays aussi ?loign?. Les poissons souffrent donc aussi du syndrome du "Jet-lag" !

Labrichthyini
Un repr?sentent de ce groupe (en tant que paire) doit ?tre pr?sent dans chaque aquarium, ? la condition qu'il soit peupl? de quelques gros poissons : Labroides dimidiatus, le poisson nettoyeur commun. Mais, il doit s'agir de cette esp?ce et d'aucune autre, car toutes les autres proches parentes ne peuvent soit ?tre maintenues vivantes ? long terme ou elles se nourrissent de polypes de coraux, comme le poisson-nettoyeur nomade (Diprodacanthus xanthurus) ou le poisson-nettoyeur ? caudale cun?iforme (Labropsis xanthonata)
Des nettoyeurs solitaires peuvent m?me dans le plus beau, le plus grand des aquariums r?cifaux faire beaucoup de b?tises : j'en connais un (ce n'est pas un de mes poissons !) qui importune des heures durant un grand b?nitier, en pin?ant le bord du manteau et qui apparemment se r?jouit lorsqu'il ferme le plus rapidement possible sa coquille et ce faisant le souffle chaque fois ! Ceci permet de supposer qu'il n'a pas assez d'activit? et s'ennuie, et cela montre, avec quel raffinement un tel petit poisson peut se procurer du "plaisir"
Nous pouvons parfaitement emp?cher ces d?raillements comportementaux en maintenant nos pensionnaires dans les conditions exig?es par l'esp?ce. N'en rejetons donc pas la responsabilit? sur nos poissons - car justement les labres se vengent!

Transfonnations sexuelles chez les labres
Les labres constituent des hermaphrodites protogynes, ceci signifie que des femelles fonctionnelles se transforment en m?les fonctionnels. Au stade juv?nile (phase initiale) nous rencontrons essentiellement des femelles, chez certaines esp?ces en m?me temps aussi des m?les primaires ( = m?les initiaux), qui pondent alors souvent en importants groupes synchrones. En pr?sence de certaines conditions environnementales peuvent se d?velopper ? partir de femelles de la phase initiale comme aussi ? partir de m?les primaires ce que l'on appelle des m?les secondaires ( = m?les terminaux), qui sont plus color?s, plus grands et terr?toriaux.
Ils s'entourent d'un harem dans leurs grands territoires et pondent alors chaque fois avec une seule femelle. Sous "intrus" on comprend un m?le primaire de couleur femelle, qui se joint ? un couple qui pond et qui ?met son sperme "au bon moment" ; ainsi il a une chance de d?poser au moins partiellement ses g?nes ! Chez les poissons d'eau douce ce ph?nom?ne est relativement courant. Chez les labres tropicaux ce ph?nom?ne est ? peine connu, ? savoir si les m?les terminaux, qui pondent en permanence avec une seule femelle, tol?rent de tels intrus.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur, paru dans Koralle 10/2001

Litt?rature:
BURGESS, W. E., H.R. AXELROD & R.E. KLUNZIKER 1988 : Dr. Burgess' Atlas of Marine Aquarium Fishes. Neptune City, N.J.
DEBELIUS H. (1993): IKAN6 Fischf?hrer Indischer Ozean. Jahr Verlag. Hamburg.
G?THEL, H. (1994): Farbatlas Meeresfauna. Rotes Meer, Indischer Ozean. Ulmer Verlag, Stuttgart.
KUITER H. R. & GR. ALLEN, (1999): Description of three new wrasses (Teleostei: Perciformes: Labridae : Paracheilinus) from Indonesia and North Western Australia with evidence of possible Hybridisation. Aqua, Journal of Ichthyology and Aquatics Biology. 3, 3 .- 119-132.
LIESKE, E. & R.F. MYERS 1994: Korallenfische der Welt. Jahr Verlag, Hamburg
MICHAEL, S.W. (1998): Reef Fishes. Microscosm Ltd. Shelburne, USA
RANDALL, J. E. (1988): Five new wrasses of the genera Cirrhilabrus and Paracheilinus (Perciformes: Labridae) from the Marshall Islands, Micronesica 21 199-226.
RANDALL J. E. & R. LUBBOCK (1981): Labrid fishes of the genus Paracheilinus, with descriptions of three new species of the Phillipines. Japan. J. Ichthyology 28,
SMITH MM & P. C. BEEMSTRA (1986): Smith's sea fishes. Macmillon S?dafrika, Johannesburg.
THALER, E. (1999): Kirschleck-Junker Halichoeres nebulosus. das Aquarium 359: 50-56.
TURNER, G. F. (1993): Teleost mating behaviour. In: Behaviour of Teleost Fishes. T.J. Pitcher Ed., Chapman & Hall.
WARNER, R. R. & S. G. HOFFMAN (1980): Local population size as a determinant of mating systerns and social composition in two tropical marine fishes, Thalassoma sp. . Evolution 34:508-518.

Labrid?s pour l'aquarium r?cifal

Recommandations du Prof. Dr. Ellen THALER

Bacs de 300 ? 500 litres
Cirrhilabrus exquisitus ('T) Labre nain ? masque
Cirrhilabrus cyanopleura ('T) Labre nain ? t?te bleue
Cirrhilabrus jordani ('T) Labre nain de Hawaii
Cirrhilabrus rubriventralis ('T) Labre nain de Mer Rouge
Paracheilinus filamentosus ('T) Labre ? filament
Paracheilinus carpenteri (1) Labre de Carpenter
Paracheilinus Mccosceri ('TT !) Labre de McCoskers
Paracheifinus octotaenia (TTT !) Labre de Me Rouge
Pseudocheilinus hexataenia Labre nain ? six bandes - agressif, ? n'associer qu'avec des poissons-chirurgiens et des Pornacentrid?s
Pseudocheilinus tetrataenia ('TT) Labre nain ? quatre bandes
Halichoeres marginatus Labre ? bandes
Halichoeres iridis Labre arc-en-ciel
Halichoeres melanurus
Labre gris bleu
Halichoeres vroliki
Labre de Vrolik
Macropharygodon bipartitus
('TT) Labre diamant
Macropharyngodon meleagris
(T) Labre panth?re
Pseudojuloides cerasinus
(T) Labre vert
Labroides dimidiatus
('T) Labre nettoyeur
Bacs sup?rieurs ? 1000 litres
Choerodon fasciatus = Lienardella fasciata ('TT) Labre arlequin
Anampses meleagrides
(T) Labre perl? ? queue jaune
Anampses caeruleopunctatus
Labre perl? diamant
Coris gaimard
Labre ? queue jaune
Gomphosus varius
Labre oiseau vert
Gomphosas caerukas Labre oiseau bleu

(T) L?g?rement sensible durant le transport, accessoirement dommages dus ? la stabulation interm?diaire
('TT) = Sensible durant le transport, nombreux dommages durant la stabulation interm?diaire
(TTT) = extr?mement sensible durant le transport, le plus souvent tr?s endommag? durant la stabulation interm?diaire.