Portraits : Des LPS aux SPS, contraint et forcé !... - Pascal Rousseau
Depuis mes début en 1992 dans le domaine de l’aquariophilie récifale et ayant maintenu avec succès pendant 6 années un bac de 360L mixte j’ai toujours voulu avoir un aquarium ayant un gros volume et surtout une grande profondeur. Je vais vous présenter l'histoire de mon bac de 1200 Litres qui a été mis en eau en janvier 2001
Mon ancien bac
Je vais vous retracer son histoire : l’étude du bac et de
ses périphériques, son démarrage, sa vie lors
de la première année, la raison du passage vers les
SPS (appréciant les coraux mous depuis mes débuts
…) ainsi que son évolution avec les poissons le constituant
dont vous trouverez à la fin de cet article une fiche sur
le comportement de chacun d’entres eux.
Le choix de la cuve
C’est effectivement la première démarche à
entreprendre: dimension, volume, conception et couleur du meuble
afin que l’ensemble soit en harmonie avec tout ce qui l’entoure
et que l’ensemble restitue l’essentiel : Le biotope reconstitué.
L’aquarium a été réalisé « sur
mesure » ses dimensions sont 160 cm de largeur, 100 cm de
profondeur et 70 cm de hauteur, il est réalisé sans
renforts en verre de 19 mm, la face avant est inclinée et
réalisée en « verre extra blanc » afin
d’avoir un rendu optimal sur les couleurs des occupants et la grande
profondeur m’a permis de concevoir un décor plus naturel,
moins « tassé ». Le meuble de 105 cm de haut
est réalisé en bois « médium »
avec une peinture laquée et possède sur son flanc
gauche un petit « module » de rangement et d’intégration
du groupe de froid.
La décantation
La décantation possède un volume de 240 litres et
comprend:
- Une pompe de remonté Black Devil de 8000 l:h
- Un écumeur à dispergateur EUROREEF bi-pompes 1060
Eheim - Un Osmolateur DELTEC et un UV de 55W Dewerse
La partie technique
- Une réserve d’eau osmosée de 120 litres
- Une réserve eau de mer de 80 litres
- Un réacteur à hydroxyde RATZ piloté par une
pompe doseuse IWAKI
- Un réacteur à calcaire Deltec avec sa bouteille
de CO2 « en attente »
- Un tableau électrique de 21 prises avec fusibles et différentiels
sur chaque prises
- Deux multiprises IKS
- Deux pompes péristaltiques pour oligots éléments
- Un multicontoleur TUNZE 7094 et les boitiers des pompes TUNZE
- 3 Ballasts 400 Watts pour les HQI
La rampe
d'éclairage
Elle a été conçue sur mesure afin d’intégrer
trois projecteurs grands angles dont deux composés de réflecteurs
« lisses » Spiderlight et un réflecteur martelé
(JET5)
Les trois projecteurs comportent des ampoules 400 Watts type E40
dont un central en 20000K et les deux autres en 10000K. 3 ventilateurs
de PC « basse tension » sont sur cette rampe et soufflent
à la surface des HQI.
La durée d’éclairage est de 10 heures pour le 20000K
(13H – 23H) et de 8 heures pour les deux 10000K (14H – 22H)
Le brassage
Il est composé de deux pompes TUNZE 7410P et une 7210P reliés
au multicontroleur, si l’on ajoute à cela les 7000l/h de
la pompe de remonté (avec la perte de charge!), l’ensemble
du brassage représente environ 17 fois le volume qui en mode
brassage alterné assure un mouvement d’eau de manière
circulaire autour des ensembles coralliens.
Les pompes sont accrochés le long des deux « colonnes
» sèches et leurs sorties sont orientées vers
la surface et la glace frontale inclinée donne un flux idéal
pour le bien être de ces occupants.
La gestion des périphériques
Un IKS AQUASTAR gère le cycle de l’éclairage, le réacteur
à calcium via une pompe doseuse en envoyant de l’hydroxyde
pendant 20 minutes toutes les 2 heures jour et nuit. Il est équipé
d’une sonde PH et d’une sonde température qui lui permet
de commander le groupe de froid ainsi qu’un ventilateur lors de
fortes chaleurs.
Après tous les détails de conception (où toutes
ces étapes ont leur importance et conditionnent la vie du
bac) nous allons passer en revue les éléments qui
m ‘on permis de partir sur de bonnes bases.
Le remplissage a été réalisé avec un
Osmoseur de 125 l/jour qui vu la température de l’eau de
conduite au mois de janvier a mis 12 jours!
Dès que le remplissage à atteint son niveau de fonctionnement
normal, les appareils hors éclairage sont mis en route et
le sel Red Sea fut ajouté le 10 février 2001 avec
un dosage d’environ 35 g/l pour arriver à une densité
de 1022. Après quelques jours de dissolution du sel et un
brassage maximal du milieu, le décor fut réalisé
en utilisant des pierres vivantes de diverses provenances : 50 kgs
des caraïbes de mon ancien 360 l et 130 kgs préalablement
nettoyées de Mer rouge et d’Indonésie soit un total
de 180kg de diverses formes afin d’effectuer un décor aéré.
Les PV étaient de belles qualités et m’on permis d’avoir
un démarrage sans « montée » de nitrite.
(vérifié avec un test permanent Seachem)
Après un bref croquis préparé avant sur un
papier donnant une idée du décor « vue de dessus
», il était maintenant venu le temps d’exprimer son
sens artistique. Aidé par un ami Christian pour cette opération
de placement car la grande profondeur accentuait la difficulté
et sa présence était essentiel. La disposition des
PV pu commencer en essayant d’avoir différents volumes et
perspectives dans l’espace de la cuve et surtout réaliser
une faille sur le coté droit de l’aquarium afin de donner
une vision de profondeur, chose qui ne fut pas trop difficile grâce
à l’acquisition de PV de formes variées et ce décor
fut fini rapidement.
Le sable d’une épaisseur d’environ 3 – 4cm sur le devant
de l’aquarium a été mis en place le 13 mars en utilisant
du sable d’aragonite de diverses provenances et du « sable
vivant » de mon ancien 360 litres afin de l’ ensemencer au
mieux . Après la mise en place du sable les nitrates avaient
chutés à 5mg, j’ai donc commencé à introduire
les animaux indispensables à la naissance et à la
perénité du bac.
Ces petites bêtes qui font toute la différence : Les
bernard-l’ermite pattes bleues et rouges, Astreas, Ophiures, Chitons,
oursins (globulus), crevettes Lysmata amboinensis...
Et à partir de cette période l’éclairage fut
progressif sur 10 semaines afin d’éviter une prolifération
d’algues. Cette « technique » a donné d’excellents
résultats, pas de filamenteuses et autres algues indésirables
et associé à une cuillérée à
soupe de CALCK de Red Sea et l’eau de chaux, les algues encroutantes
ont commencées leur prolifération.
Planning d'éclairage
Dès l’introduction des PV : 4 heures HQI 20000K
2e semaine : 5 heures HQI 20000K
3e semaine : 5 heures HQI 20000K + 1 heure des deux HQI 10000K
4e semaine : 6 heures HQI 20000K + 1 heure 30 des deux HQI 10000K
5e semaine : 7 heures HQI 20000K + 2 heures
6e semaine : 7 heures HQI 20000K + 3 heures
7e semaine : 7 heures 30 HQI 20000K + 4 heures
8e semaine : 8 heures HQI 20000K + 6 heures
9e semaine : 9 heures HQI 20000K + 7 heures
10e semaine : 10 heures HQI 20000K + 8 heures des deux HQI 10000K
Voilà, l’éclairage progressif sur 10 semaines. Fin
mars, les paramètres mesurés étaient bons et
les nitrates non mesurables, il était temps de récupérer
les anciens locataires de mon 360 litres. Le transfert s’effectua
dans une journée et les seules pertes étaient deux Nemateleotris et un bipartitus mais aucune perte d’invertébrés.
Ci – dessous une photo du bac 4 jours après la récupération
des anciens pensionnaires ce qui vous donnera une vision de la croissance
rapide des coraux mous commentée par la suite.
Population
- Discosoma, Rhodactis vert pomme
- Sinularia sp divers
- Clavularia, Cladiella
- Turbinaria peltata
- Catalaphyllia jardinei, Zoanthus
- Gorgone violette
- Turbinaria reniformis
- Bénitier Squamosa bleu et Crocea violet
- Favite
- Gorgonne jaune
- Sarcophyton elegans jaune
- Porite jaune
- Scolymia
- Goniopora rouge
Les coraux
furent positionné en harmonie avec le décor et au bout de quelques
mois sous l’influence des 1200 Watts d’éclairage, les Sinularia
et surtout deux Cladiella sont devenus de très grosses pièces
si bien que la faille sur la droite devenait moins perceptible
Le volume du bac associé au brassage et à l’éclairage
me donnait une sensation de coraux mous « dopés »
!
Les poissons de l’ancien bac :
- Zebrasoma flavescens
- Ctenochaetus Hawaiiensis
- Gramma loreto
- Parcanthurus hepatus
- Fridmani,
- Neocirrhites armatus
- Centropyge auriantus
- Naso lituratus
- Un banc de 16 Anthias carberry
Le résultat fut si impressionnant qu’un soir du mois de juillet
2001, mon bac était tout « laiteux » ainsi que la décantation et
après plusieurs vérification vers le réacteur à calcium rien ne
semblait l’inculper donc ne voyant rien d'anormal je suis parti
me coucher.
Le lendemain matin le bac était devenu « clair » sans problème apparent
sauf qu’en regardant avec une lampe des Anthias gisaient la bouche
grande ouverte sur le sable ainsi que sur les crépines des pompes
??
Là il y avait eu un problème !
Après allumage de l’éclairage le bilan fut de 21 « disparus » (
pas tous retrouvés !) : les 16 Anthias, un Fridmani, un Neorichithes
armatus, un hepatus, un Gramma loretto, un Ctenochaetus hawaiiensis
de 4 ans….
Après cette ponte et n’ayant pas pu incriminer l’espèce
concernée, je me suis séparé d’un énorme
Cladiella, et du Sinularia flexibilis et d’un très
gros Sinularia que je possédait depuis six années.
Le décor fut plus aéré et la faille visible
! Mais après ce problème n’ayant pas retrouvé
tous les « cadavres » une montée de phosphate
arriva et la perte d’un superbe Pocillopora rose aidé par
le Centropyge loricula, cette expérience confirme
que lorsqu’un invertébré est « malade »
les Centropyges le « sentent » et commence à
le grignoter !!
Après un rétablissement des paramètres un peuplement
progressif en poissons et SPS fut réalisé: divers
Accropora, et des Pomacanthidés fut introduits ainsi qu’un
banc de 12 Pseudanthias squamipinis et d’ un couple de Valencianna
strigata
La maintenance
Je changeais 80 L d’eau avec du sel Red Sea tous les quinze jours
et les deux pompes doseuses envoyaient chaque jour une petite quantité
d’iode et de strontium. Aucune filtration mécanique sur ouate
de perlon n'était présente et je ne siphonnais jamais
mes sédiments (même chose pour mon ancien bac que j’ai
gardé pendant six années) mais je possédais
beaucoup de détritivores ainsi qu'un couple de Valencianna
qui m’aéraient le sable en lui gardant sa blancheur. La seule
maintenance régulière était de nettoyer les
vitres une à deux fois par semaine et de recharger le réacteur
à calcium tous les quatre jours car il fonctionnait en «
continu », et de mettre tous les jours 1 cuillère à
soupe de CALCK …c’est tout !!!!
Plus on laisse le biotope tranquille et plus il finit par trouver
ses marques et aucun appareil ne se substituera jamais au temps.
En novembre
2001, j’ai changé les ampoules des 3 HQI (avant 2 en 10000K et une
en 20000K) en 14700K d’Aquaconnect. Le rendu des couleurs sur les poissons
et l'évolution des accros fut positif à mon goût et en
très peu de temps un accro marron est devenu complètement violet.
J’avais toujours rêvé d’avoir des Pomacanthidés
dans mon bac mais certains invertébrés allaient «
souffrir ». Cependant, je voulais tenter l’expérience
en privilégiant les poissons par rapport aux invertébrés
et en surveillant le comportement des poissons anges afin de retirer
l’invertébré qui serait continuellement dérangé.
J’ai acquis un Narvachus adulte et un Imperator juvénile
et analysé leur comportement.
Après quelque semaine le Narvachus commença à
« tirailler » les polypes de mon Catalaphyllia et arrachait
des bouts du Trachyphillia vert fluo, ce qui confirme qu’il s’attaque
bien aux coraux « charnus » mais une petite exception
sur un Cynarina rouge à coté du Trachyphillia qu’il
ne touchait pas ! Le rouge ne l’intéresse pas (exp perso)
par rapport au vert, jaune fluo.
Il touchait aussi les Discosomas mais de toute façon cela
m’arrangeait car les Actinodictus devenaient envahissantes et brûlaient
le pied de certains accros. Pour l’Impérator, il lui arrivait
de grignoter les polypes des Gorgonnes mais rien de méchant!
Je me suis bien sur séparé du Cathalaphyllia et du
Trachyphillia afin de les préserver en vie. Plein de petite
étoile de mer blanche apparurent sur les roches et les vitres
et je mis une crevette « arlequin » qui se régala
du festin!
Après quelques mois l’aquarium avait atteint sa vitesse
de croisière et les occupants se portaient à merveilles.
Et j’aurais aimé vous relater cette aventure plusieurs années
après mais suite à un déménagement ce
bac fut démonté et mis en vente.
Mon analyse est que le temps, la régularité, la connaissance
des occupants sont des éléments qui permettent d’obtenir
un aquarium récifal satisfaisant en sachant qu’aucun aquarium
ne se ressemble et c’est à chacun d’effectuer sa propre expérience
avec son aquarium.
La passion étant toujours présente j’ai redémarré
quelques mois après un petit bac récifal de 300L (retour
à mes débuts !) en attendant de revivre un jour cette
expérience de posséder un « gros volume »
avec des Pomacanthidés et je n’ai pas dit mon dernier mot
...
à suivre