Les Plumes de mer

par Robert J. TOONEN, Ph.D

Voici un magnifique spécimen de Cavernularia obesa. Cette espèce est la mieux adaptée à la vie en aquarium récifal. Elles sont pleinement développées durant la joumée, et constituent un ajout attrayant sur un lit de sable. Photos - Mitch Gibbs

J ’étais en train de chercher ce dont j’allais parlé dans cet article lorsque j’ai réalisé qu’il n’y avait pas beaucoup d’informations disponibles sur les plumes de mer.
Ces animaux magnifiques peuvent parfois être apercus en boutique, mais si quelques informations les concemant sont disponibles, mon expérience m’a montré qu’elles étaient habituellement inexactes. Il existe une bréve introduction dans le livre d’Eric Bomeman, Aquarium Corals (2001), et quelques pages dans The Reef Aquarium, Volume Two (Delbeek et Sprung 1994), mais en général, ces coraux peu courants sont survolés ou ignorés dans la majorité des textes concemant les aquariums. Donc j’ai décidé d’écrire cet article pour essayer de foumir quelques informations utiles pour les personnes désireuses d’acquérir l’un de ces animaux surprenants et inhabituels.
J’en possédais un durant de nombreuses années avant que je ne parte, et je le trouvais fascinant. C’était un ajout a mon aquarium qui en valait la peine. Cependant, en disant cela, je souhaite aussi réellement prévenir tout le monde que cet animal a peu de chance de survie en aquarium. Il ne doit étre abordé que par des aquariophiles qui ont un bac bien équilibré, ayant un lit de sable épais, et méme ainsi, il est très difficile à conserver. Les plumes de mer sont souvent mal manipulées et abimées durant leur transport. Elles ont des besoins spécifiques en aquarium, et sont sensibles et facilement stressées.
Et donc, alors que je tente de vous presenter le meilleur scénario pour garder l’un de ces animaux dans un bac vous devez aussi vous demander sérieusement si votre aquarium et votre facon de le gérer est adapté a ce challenge avant d’envisager l’acquisition de l’un de ces animaux.

La biologie des Plumes de mer
Aprés cette mise en garde, commencons par expliquer ce que sont exactement les Plumes de mer.
Ce sont des cnidaires et avec les coraux mous et les gorgones ils forment la sous-classe des Octocorallia. Les Pennatulacés (nom vemaculaire des Plumes de mer et des Pensées de mer) forment de vraies colonies, composées de nombreux polypes (comme une tête de corail) plutôt qu’un animal unique (comme une anémone), et il y a de jolies extensions entre les polypes (pour plus de détails voir Brusca et Brucsa 1990). Lorsqu’une larve s’installe, elle se métamorphose en « polype fondateur » qui devient le pédoncule sur lequel les autres polypes se développent par le biais d’une proliferation asexuée (un peu comme les autres colonies de coraux se développent par réplication asexuée de leurs polypes). La colonie est composée d’une séries de gastrozoïdes (les polypes nourrisseurs, responsables de la capture de la nourriture et de l’alimentation de la colonie), et de siphonozoides (polypes « respiratoires », responsable des mouvements de l’eau à l’intérieur et en dehors de la colonie pour permettre les échanges gazeux). La colonie toute entière à typiquement la forme d’un bulbe, enterré dans des sédiments mous (sable très fins et boues du sol marin) et une portion exposée sur laquelle on trouve le reste des polypes. Des colonies individuelles peuvent étre constituées de dizaines de milliers de polypes, et un grand spécimen peut facilement avoir 40000 polypes voire plus (Erhardt et Moosleitner 1997). Le bulbe et la portion exposée de l’animal sont renforcés par une tige axiale formée d’un mélange de matériaux organiques durs (comme une gorgone) et de carbonate de calcium (comme un corail dur), mais l’animal est tres contractile et peut s’étendre ou se contracter fortement en fonction des conditions environnantes. Il existe environ 300 especes de Plumes de mer répertoriées dans les mers, et leur habitat va des eaux peu profondes autour des récifs coralliens aux profondeurs des océans - inférieur à 5000 m ! Beaucoup de ces espèces sont colorées et capable de fournir une spéctaculaire lumiere bioluminescente visible dans le noir lorsqu’on les perturbe (Erhardt et Moosleitner 1997). Même si ce spectacle est impressionnant, vous ne devez jamais provoquer intentionnellement cette luminescence sur une Plume de mer - la production de lumière est une réponse à un stress énorme qui conduira à une diminution de la croissance et de la santé de votre animal si cela se reproduit trop fréquemment.

La structure en forme de plume des Plumes de mer est une adaptation pour accroitre la propagation des gastrozoïdes dans la colonne d’eau afin d’optimiser le taux de capture des proies tout en minimisant les turbulences de l’eau dans lesquelles on trouve typiquement ces animaux. Chaque gastrozoide est capable de produire des gamètes pour la reproduction sexuée mais tous les polypes d’une colonie donnée sont soit mâles, soit femelles (Brusca et Brusca 1990). La plupart de ces animaux pondent leurs gametes (à la fois le sperme et les ovules) en pleine eau et la fertilisation se fait dans la mer après la ponte (Eckelbarger et al. 1998). Les gametes fertilisés se développent pour devenir des larves planctoniques qui doivent se nourrir et se développer dans la colonne d’eau, donc la reproduction en aquarium n’est pas possible. Cependant, chez certaines espèces uniquement les mâles pondent alors que les femelles gardent les oeufs en elles et la fécondation se produit en interne. Pour ces espèces, les femelles couvent les embryons en cours de développement jusqu’à ce qu’ils aient atteint un stade larvaire avancé. lls sont alors relachés dans l’eau (Erhardt et Moosleitner 1997). Ces larves nagent dans les environs quelques jours, cherchant activement la zone appropriée à une implantation, puis elles se métamorphosent en polype fondateur. Lorsqu’elles trouvent une zone appropriée, elles s’installent dans le sable et se métamorphosent en un polype allongé qui formera éventuellement la tige axiale (le manchon allongé sur lequel les polypes vont grandir), ainsi que je l’ai décrit ci-dessus. Pour ces quelques espéces qui couvent leurs jeunes, la reproduction en captivité peut être possible, mais en l’état actuel de mes connaissances, personne n’a pu élever de plumes de mer en captivité, que ce soit par une reproduction sexuée ou asexuée du corail.

Comment les Plumes de mer vivent-elles ?
Maintenant que j’ai expliqué ce qu’est une Plume de mer, il faut parler de son mode de vie. Il y a de très nombreuses espèces de plumes de mer, mais la plus couramment importée pour le commerce aquariophile est Cavernularia obesa (Bomeman 2001). J’ai surpris des employés de magasins d’aquariophilie expliquer les besoins spécifiques en lumiére requis par ces animaux pour les garder en aquarium, en de nombreuses occasions. Je serrais les dents à chaque fois que j’entendais cela, car malgré le fait que ces plumes de mer particulières ont une couleur d’un brun soutenu similaire à la couleur de nombreux coraux à zooxanthelles, ils n’ont aucun symbionte. En fait, les plumes de mer manquent généralement de symbiontes photosynthétiques ce qui a pour résultat qu’elIes n’ont besoin d’aucune condition de lumiére particuliere (Erhardt et Moosleitner 1997). Et méme, beaucoup (sinon toutes) les plumes de mers sont nocturnes (actives seulement la nuit) et méme les espèces qui se développent durant la journée sont incapables d’être influencées par une quelconque ambiance lumineuse. Sachant qu’elles sont complètement non photosynthétiques, il devient simple d’en déduire deux choses :
- les besoins en lumiere ne sont pas d’une grande importance
- Elles ont besoin d’étre nourries !

Dans ce cas, elles ont non seulement besoin d’étre nourries, mais elles ont besoin d’étre nourries abondamment. Ces animaux chassent typiquement un plancton minuscule, en abondance, (comme les larves d’invertébrés, les détritus en suspension et du phytoplancton plus gros), et leur capacité à capturer de telles particules est directement influencée par les mouvements de l’eau dans l’aquarium (Best 1982; Best 1988). Je reviendrai sur les types spécifiques de nourritures dans un moment, mais je parlerai d’abord de leur façon véritable de se nourrir. Ces animaux vivent typiquement dans les zones à flux relativement fort et constant, et sans de telles conditions leur capacité a se nourrir est considérablement génée. Donc il existe vraiment deux facteurs critiques pour garder ces animaux avec succés. Le premier est de leur foumir la nourriture appropriée, et le second est d’avoir un flux relativement fort pour que ces animaux soient vraiment florissants. Ces animaux ont besoin d’importants mouvements d’eau afin d’être capable de se nourrir correctement, et cela ne veut pas seulement dire avoir une pompe à eau dirigée vers eux. Je n’entrerai pas dans les détails sur le sujet du flux d’eau en aquarium, mais il suffit de dire que sans un courant d’eau conséquent passant sur ces animaux, cela n’a aucune importance qu’ils soient nourris ou pas - ils ont besoin du courant pour capturer leurs proies efficacement et sans celui-ci, ils mourront même s’il y a plein de nourriture dans l’aquarium.
Afin qu’ils puissent commencer à se nourrir, cependant, la premiere nécessité est de les rendre heureux atin qu’ils se développent pleinement. En plus des besoins évidents en eau d’une qualité exceptionnelle, rendre une plume de mer heureuse implique deux choses primordiales
- un courant adapté
- un sable épais et très fin (ou encore mieux : de la vase).

Ces animaux sont communément trouvés dans des régions qui ont des courant modérés. Donc pour parler concrétement, un flux de l’ordre de 5 - 10 cm/s est raisonnable pour reproduire les conditions nécessaires dans votre aquarium afin de garder vivante l’une de ces espèces communément importées pour l’aquariophilie. A part le courant de l’eau, l’autre fait important est la taille des particules et l’épaisseur du lit de substrat dans l’aquarium. La majorité des espèces de plumes de mer ont besoin de 20 cm ou plus de sable boueux afin d’y planter leur “pied” (comme je l’ai expliqué ci-dessus, il s’agit vraiment d’un polype grandement modifié qui fournit un point d’attache pour les autres polypes de la colonie) ou ils ne seront pas heureux dans votre aquarium (je reviendrai sur ce point). Le sable de corail broyé (d’unegranulométrie de 3 - S mm) est vraiment trop grossier pour que les animaux s’y implantent, et s’ils essaient quand méme (ce dont je doute), cela échouera ou les abimera à cause des lacérations du bulbe par ce substrat grossier.
La plupart des plumes de mer semblent traverser une période ou elles se développent pleinement à la surface du sable avant de s’y enfouir complètement, donc voir dans le bac d’un vendeur une plume de mer en pleine expansion sur le fond est généralement un bon signe. Parce que l’on donne rarement à ces animaux un habitat adapté en animalerie, un animal en pleine expansion est le mieux que vous puissiez souhaiter : méme si elle n’est pas encore enterrée dans le substrat, une plume de mer en pleine expansion est probablement en bonne santé et potentiellement capable de s’implanter si vous lui foumissez les conditions adaptées dans votre propre bac. De plus, si les sédiments sont trop grossiers ou si la circulation de l’eau est trop faible dans votre bac, alors les conditions sont inappropriées pour garder une plume de mer.
Au cours des expériences dans la nature, dans lesquelles les chercheurs ont sorti des échantillons de sédiments de différentes tailles pour observer la colonisation de la faune qui y était contenue, (les plumes de mer étaient l’un des groupes observés), ceux-ci ont constaté que les zones de substrat fin, légerement agitées par les courants, avaient la plus grande concentration de faune et la plus forte densité en animaux (Levin et al. 1994; Levin et Dibacco 1995). *
Bien que certaines espèces (telles que les inhabituelles Cavernularia, qui ressemblent plus à un rince-bouteilles qu’à une plume de mer typique) puissent se développer sur un lit peu profond (7,5-12 cm), avec un sable dont les particules grossières ont la taille du sucre en poudre, beaucoup d’espèces ont besoin d’au moins la profondeur de leur propre taille (et il semble même qu’une épaisseur proche de 1.5 à 2 fois leur taille complètement développée soit le plus approprié) en sable très fin ou en vase afin qu’elles puissent s’enterrer et s’installer correctement.
Une plume de mer qui aurait un lit de sable trop profond ou trop grossier montrerait un comportement caractéristique d’enroulement sur le fond de l’aquarium plutôt qu’un enfouissement (Erhardt and Moosleitner 1997). Elle pourrait aussi se gonfler et flotter de façon dangereuse dans l’aquarium, où elles sont souvent urtiquées par d’autres coraux ou aspirées par une pompe. Dans chacun de ces cas, une plume de mer qui ne se fixe pas est un danger pour elle-même et pour votre aquarium.
Méme si une plume de mer n’est pas capable de brûler un autre corail et de le blesser sérieusement, elle produit plusieurs sortes de substances chimiques néfastes qu’elle utilise pour se défendre. Beaucoup de ces composants n’ont pas de fonction connue, mais certains ont montré des propriétés anti-microbiennes, cyto-toxiques ou ayant d’autres effets, et au moins l’un deux semble efficace dans les traitement anti-cancéreux (e.g., Wratten et al. 1977; Hendrickson et Cardellina 1986; Datta et al. 1990; Fu et al. 1999; Chen et al. 2001). De nombreux composants ont aussi montré une forte toxicité sur les crevettes ou les poissons en aquarium, et seraient dommageables pour vos animaux dans le cas ou la plume de mer est abimée par ses déplacements dans l’aquarium, urtiquée ou blessée par une pompe.

Cavernularia obesa est réellement une plume de mer inhabituelle car ses polypes se dressent de tous côtés comme vous pouvez le voir sur cette photo.
Contrairement à beaucoup de plumes de mer, cette espèce ressemble à un rince-bouteilles lorsqu’e|Ie est complètement ouverte. Photos - Mitch Gibbs

Les plumes de mer sont toutes capables d’une grande expansion ou de contraction de leur corps de telle sorte qu’elles arrivent à disparaitre complétement sous la surface du sable pour se reposer, puis s’ouvrir de nouveau à leur maximum pour se nourrir. Ce phénoméne se produit couramment sur une base quotidienne et beaucoup d’espèces ont un rythme de vie qui consiste en un développement noctume complet pour qu’elles se nourrissent, puis à un dégonflement et une rétractation complète sous la surface sédimenteuse en joumée. (Dickinson 1978; Langton et al. 1990). Parce que beaucoup d’espèces ont ce rythme d’expansion durant la nuit lorsque personne ne regarde l’aquarium, elles ne présentent pas beaucoup d’intérêt pour les aquariophiles. Donc, aprés avoir dit que la plupart des plumes de mer ont une taille moyenne d’environ 30-60 cm de haut (et certaines peuvent atteindre le mètre) lorsqu’elles sont complètement ouvertes, un lit de sable de l’ordre de 20 cm de profondeur voire plus est le minimum indispensable pour avoir une chance raisonnable de voir survivre l’un de ces animaux à long terme dans votre aquarium. Heureusement, l’espèce peu courante dont j’ai parlé ci-dessus (Cavernularia obesa) semble être une espece d’eau peu profonde qui survit non seulement sur un lit de sable peu épais (de l’ordre de 7,5-12 cm en fonction de la taille de la plume de mer), mais qui aurait aussi un rythme d’expansion et de contraction diurne (ouverture et alimentation pendant la journée, contraction sous les sédiments la nuit). Ce n’est peut-être donc pas une coincidence si cette espèce est aussi l’une des plus importées pour le marché de l’aquariophilie (Bomeman 2001).
C’est cette espèce que j’ai conservée avec succés dans mon aquarium à Davis, et celle que vous êtes le plus susceptible de rencontrer si vous recherchez une plume de mer pour votre bac. Même si C. obesa peut se développer sur un lit de sable peu profond, elle exige quand méme la bonne taille de particules (encore une fois, mieux vaut penser à de la vase qu’à du gravier !), la bonne épaisseur de lit de sable, et un courant d’eau adapté pour qu’elle survive dans votre aquarium. Elle doit avoir la possibilité de se rétracter complètement sous le substrat pour se protéger la nuit, et ne sera que rarement heureuse si elle ne peut pas le faire.
Si votre plume de mer se détache du substrat ou se déplace aprés que vous l’ayez introduite dans votre aquarium, alors vous pouvez être sur que l’un des facteurs requis est manquant.

Nourrir une plume de mer
Comme je l’ai dit plus haut, la plupart de ces animaux se nourrissent d’une grande variété de plancton minuscule telle que les larves d’invertébrés, rotifères, ciliés, détritus en suspension, plancton bactérien et probablement aussi phytoplancton. A ce jour, il n’y a eu aucune recherche pour montrer si ces animaux capturaient et digéraient le phytoplancton, donc le mieux que je puisse vous offrir est l’espoir qu’ils le font bien, ceci fondé sur ma propre observation de la seule plume de mer contenue dans mon bac. Ce n’est bien évidemment pas un fait avéré et tant que personne n’aura conduit une étude sur ce sujet, je ne peux qu’en avoir l’espoir. Cependant, presque tous les articles auxquels je fais référence (Delbeek and Sprung 1994; Erhardt and Moo- sleitner 1997; Borneman 2001) suggèrent de nourrir votre plume de mer avec des crevettes, et vous aurez probablement noté que je n’inclus pas dans cette liste les larves fraichement écloses (enrichies ou autres). Ceci parce que mon experience avec ces espèces suggère que même les très jeunes nauplies d’artémia sont encore trop grosses pour cet animal. Je nourris mon aquarium avec des larves fraichement écloses, régulièrement depuis des années et je n’ai jamais vu ma plume de mer capturer une jeune crevette dans mon bac. Je l’ai souvent vue attraper et ingérer une grande variété de nourritures de tailles très minimes, donc je peux affirmer que ma plume de mer se nourrit entiérement de proie d’une taille plus petite que les bébés artémias.
Donc si vous prévoyez d’introduire une plume de mer dans votre bac, vous envisagerez probablement de commencer parallèlement une culture de rotifères, ou d’obtenir un plancton artificiel tel que du SDMP (ESV’s Spray-Dried Marine Phytoplankon), APR (Artificial Plankton - Rotifer), ou des Golden Pearls “Size 1” (50-100µm) pour en foumir régulièrement à votre nouvel animal. En plus de ce plancton de petite taille, je me suis aperçu que de supplémenter la nourriture avec du phytoplancton vivant de chez DT provoque une méilleure réponse lors du nourrissage , même si je ne suis pas sur qu’il nourrisse directement la colonie. Je me suis aussi aperçu que les produits à base de copépodes lyophilisés, tel que Cyclop-Eeze, étaient très bien acceptés si je les émiettais d’abord pour en réduire la taille à celle de la nourriture planctonique dont j’ai parlé ci-dessus.
Sachant que la plupart des animaux marins détenus à ce jour semblent aller mieux lorsque les copepodes sont introduits régulierement à leur régime, je pense que l’effort en vaut la peine de temps en temps... Comme la plupart des animaux marins qui se nourrissent de petites particules, les plumes de mer sont faite pour se nourrir presque continuellement lorsqu’elIes sont complètement ouvertes. Cela veut dire que presque tous ces animaux vont mieux lorsqu’on leur fournit de petites quantités de nourriture de façon très réguliere plutôt que de très grosses quantités en une seule fois (Toonen 2000). Cependant, c’est assez rarement ainsi que procèdent les gens pour nourrir leur bac - la plupart des gens nourrissent fortement leur bac, de temps en temps plutôt que d’utiliser de petites quantités deux ou trois fois par jour afin d’essayer de stimuler continuellement le besoin de nourriture. Nourrir en grande quantité à des intervalles irréguliers n’est pas la meilleure stratégie à adopter lorsque l’on a des animaux qui se nourrissent de particules en suspension, et cela tend à augmenter de façon indésirable la présence de nourriture non consommée et donc à une mauvaise qualité de l’eau.
Donc, si vous essayez de nourrir une plume de mer, ou un bivalve, vous êtes presque toujours dans le vrai si vous lui foumissez de petites quantités de nourriture régulièrement plutôt qu’une grosse quantité une fois de temps en temps. Les aliments préparés du commerce constituent évidemment un choix plus facile lorsque l’on doit nourrir régulièrement, mais les rotifères enrichis sont faciles à produire ou à acheter un peu partout, et en fait une nourriture variée est toujours préférable à une seule source de nourriture pour garantir une longue vie à vos animaux (Toonen 2003). En fournissant une taille de nourriture adaptée ainsi qu’un mélange approprié d’aliments à votre nouvel habitant lorsqu’il s’est bien implanté, vous lui foumissez les conditions nécessaires à sa prosperité dans votre aquarium.

En dépit de ces mises en garde, je pense réellement que ces anthozoaires inhabituels peuvent être un ajout fascinant à un aquarium récifal, et comme je l’ai dit plus haut, j’ai gardé l’un d’eux pendant des années dans mon propre bac.
Je pense que les premières barriéres à franchir pour garder l’un de ces animaux sont :
- introduire dans l’aquarium un animal en bonne santé,
- lui fournir les critéres très spécifiques suivants : type de substrat, profondeur, mouvements d’eau et nourriture.

Si vous savez précisément à l’avance ce dont cet animal a besoin et si vous vous y êtes préparé je peux vous dire qu’il sera un ajout inhabituel et très attractif pour votre bac récifal - en fait, c’est l’un de mes animaux préféré.

J ’espère que cet article aura été utile à toute personne qui souhaiterait acquérir l’un d’eux (si je l’ai convaincu de n’en avoir qu’un ou de faire un essai, en fonction de l’installation de son aquarium)...

A propos de l'auteur :
Originaire d'Edmonton, Alberta, Bob Toonen est aquariophile récifal depuis plus de 25 ans ; ce qui le conduisit tout naturellement à accepter tout travaux en relation avec son hobby, y compris un travail en tant qu'entraîneur de mammifères marins dans un grand aquarium public. Titulaire d'une maîtrise en biologie marine de l'université de la Caroline du Nord, et un Ph.D. en biologie de population de l'université de Californie, il fût biologiste marin à l'Université of California Davis et occupe actuellement un poste de professeur de biologie marine à la Hawaii Institute of Marine Biology. Il a effectué diverses recherches sur les méduses, les crevettes, les éponges coralliennes, les limaces de mer, les vers polychète, les crabes, et les bernard l'hermites et a multiplié beaucoup d'espèces différentes d'invertébrés marins pour ses recherches. Malgré le fait qu'il étudie professionnellement les invertébres marins, il se considère toujours lui-même comme un amateur, et a plaisir à maintenir et écrire au sujet des aquariums récifaux en raison de sa fascination pour ces habitants.

Littérature

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Avec courtoisie - Rob Toonen © 2003