Calloplesios altivelis (Steindachner, 1903)

Calloplesiops altivelis est le parfait exemple d'une esp?ce que l'on supposait tr?s rare et qui s'est rapidement retrouv?e chez la plupart des commer?ants sp?cialis?s, ? la suite des prospections des p?cheurs charg?s d'alimenter le march? des poissons marins tropicaux. Jusqu'en 1929, l'esp?ce ne fut connue que par un unique exemplaire, le type, provenant de Nias, long de 160 mm (Weber et de Beaufort). En 1930 Fowler et Bean ?red?couvrent? l'esp?ce aux Philippines, en la prenant pour une forme in?dite ; ils cr?ent pour elle le genre Calloplesiops et l'esp?ce niveus. En 1952 Smith, ? son tour, la red?crit du r?cif barri?re de Baixo Pinda et fonde pour elle le genre Barrosia ; il nomme Barrosia la forme africaine, tout en soup?onnant qu'elle pourrait ?tre identique ? altivelis ; en 1967 Tyler ?tablit la synonymie, en conservant cependant le genre Barrosia, mais en 1969 Smith adopte le nom plus ancien de Calloplesiops altivelis.

APER?U SYST?MATIQUE:
Calloplesiops altivelis fait partie de la famille des Pl?siopid?s (Long fins) ; sous-ordre Percoides (Serranoides) de l'important ordre des Perciformes (Percomorphes). Elle est tr?s apparent?e ? la famille des Pseudochromid?s et comporte un petit nombre d'esp?ces de petits poissons coralliens. Genre Calloplesiops Fowler et Bean 1930 (Barrosia Smith 1952) ; Esp?ce : altivelis
Nom scientifique: Calloplesiops altivelis (Steindachner), 1903.
Signification des termes: Calloplesiops - Plesiops (genre voisin) magnifique altivelis : ? hautes nageoires
Synonymes: Plesiops altivelis Steindachner, 1903 (Sumatra, Nias) ou Calloplesiops niveus Fowler et Bean, 1930, (philippines, Indon?sie) - Barrosia barrosi Smith, 1952 (Baixo Pinda, Mozambique) - Calloplesiops abulati Roux-Est?ve, 1956 (?le Abulat) - Barrosia altivelis Tyler 1967 - Calloplesiops altivelis Smith 1969
Noms communs: Fran?ais: Betta de mer, poisson-com?te ; N?erlandais: Rifwachter ; Anglais: Cornet fish, Saltwater Betta ; Japonais: Shimofuri-tanabata-uo ; Allemand: Mirakelfisch (A l'?poque, le Dr. W. Schriider, directeur de l'Aquarium du Jardin zoologique de Berlin, surnomma ce Poisson "Mirakelfisch". La grande presse le pr?senta comme l'esp?ce la plus ch?re du monde, sous le sobriquet de "Betta" ou "Combattant de mer").

DESCRIPTION:
Les Pl?siopid?s sont caract?ris?s par une ligne lat?rale interrompue: la partie sup?rieure se situe sur le dos et se termine en-dessous des rayons mous de la nageoire dorsale, la partie inf?rieure s'?tend sur le flanc jusqu'? la queue. Poissons allong?s, au corps fortement comprim? lat?ralement ; corps couvert d'?cailles grandes ou moyennes. Le profil de la t?te est arrondi et la bouche est de taille moyenne et moyennement protractile ; les m?choires sont pourvues de petites dents et de dents un peu plus d?velopp?es ou canines. La langue est lisse. La queue est arrondie, l?g?rement en pointe. Les nageoires pectorales sont arrondies, les nageoires pelviennes longues, tr?s rapproch?es l'une de l'autre et ins?r?es au niveau des pectorales. Les rayons mous de la dorsale, de l'anale et de la caudale sont longs et gr?les ; la membrane est ? peine ?chancr?e entre les ?pines de la dorsale et de l'anale. Les nageoires ventrales sont grandes. Ils ont une longue nageoire dorsale unique dont la partie soutenue par des rayons durs est aussi grande et m?me plus grande que la partie soutenue par des rayons mous. Le genre Plesiops est caract?ris? par le fait que les rayons durs ne sont que partiellement reli?s entre eux par une membrane. sont repr?sent?s par 3 genres comprenant 9 esp?ces. Le genre Calloplesiops fut originellement d?crit par Fowler et Bean en 1930 et la distribution des diff?rentes esp?ces va de l'archipel Indo-Australien ? la majeure partie de l'Oc?an Pacifique. les 2 esp?ces de ce genre ont pour particularit? de ne pas avoir de dents sur la langue. La robe de Calloplesiops altivelis est d'une "magnificence incroyable" et c'est d'ailleurs ainsi que Smith a d?crit le poisson lorsqu'il avait observ? son unique sp?cimen flottant au soleil, juste apr?s sa mort. Les formes et la parure de cette esp?ce sont assur?ment tr?s frappantes, et les noms de "Poisson-Miracle" ou de "Com?te" en t?moignent. Sur le corps et les nageoires (sauf les pectorales), d'un noir de velours ? reflets bruns, se d?tachent des points blancs bleut?s, de taille moyenne, fonnant des rang?es horizontales: ils sont plus petits et plus bleus sur les nageoires, en particulier vers les marges. La dorsale pr?sente, vers la base des trois derniers rayons mous, un gros ocelle elliptique, ? centre tr?s sombre, bord? de bleu clair et soulign?, vers le bas, d'une bandelette jaune orang?e qui, lorsque les nageoires sont dress?es, prolonge vers l'avant une tache de m?me couleur, port?e par la base de la caudale une tr?s petite marque du m?me jaune, sur la base post?rieure de l'anale, fait pendant aux pr?c?dentes. Une macule tr?s sombre au niveau des 4 premi?res ?pines de la dorsale. Rayons des pectorales de brun jaune ? jaune de chrome brillant ; rayons des pelviennes brun?tres. Iris de l'?il brun sombre, marqu? d'un anneau de points blancs bleut?s ; une mince ligne claire, parfois indistincte, borde la pupille. Il n'existe aucun dimorphisme sexuel en ce qui concerne le patron de coloration. Chez les jeunes sp?cimens, les points clairs sont relativement plus grands, mais moins denses sur le corps, certaines ?cailles en ?tant encore d?pourvues ; ces derni?res pr?sentent n?anmoins un centre! un peu plus clair, marquant l'emplacement du futur point blanc.
Taille: jusqu'? 16 cm mais dans la nature l'on pourra probablement trouver des sp?cimens plus grands.

R?PARTITION G?OGRAPHIQUE:
Aire de distribution: Oc?an Indo-Pacifique ?le de Nias, sur la c?te sud-ouest de Sumatra. Philippines et en Indon?sie. Ryukyu (sud de l'archipel du Japon) ; quelques endroits de l'Archipel Indo-Australien, Taiwan, Mer de Chine. Afrique orientale (Zanzibar), Mozambique (Baixo Pinda), Aldabra, Seychelles Mer Rouge, ?le Abulat ; Ethiopie, Golfe d'Aqaba, D?troit de Jubal, Grande Comore, Maldives, Palau, Tuamotu. Hoese et Kuiter (1984) enfin l'ont cit? du Queensland. Il s'agit donc d'une esp?ce ? tr?s vaste r?partition
Biotope: R?cifs coralliens, eaux relativement profondes et relief accident? (fissures et grottes dans le r?cif).

MODE DE VIE:
Vit cach? dans des cavernes et des crevasses sur le r?cif. Ce mode de vie fait quel' on a longtemps consid?r? ce poisson comme rare, mais qu'il est probablement plus commun qu'on ne le cro?t. Cette raret? apparente est donc plut?t due ? son caract?re timide et sa "philosophie": pour vivre heureux vivons cach?s.

NOTES AQUARIOLOGIQUES:
L'esp?ce est import?e depuis 1970 environ, principalement des Philippines. Jusqu'en 1929, l'esp?ce ne fut connue que par l'unique exemplaire d?crit par Steindachner. A partir de 1930, de nouveaux sp?cimens sont signal?s, ?tendant consid?rablement l'aire de distribution, et l'apparition de l'esp?ce sur le march? aquariophile. L'un des premiers sp?cimens import?s par G. Fav? (Paris) fut offert ? l'Aquarium de Nancy, en d?cembre 1971 ; deux sp?cimens sont signal?s d'Allemagne en f?vrier 1971 (Chlupaty 1972)], ensuite ses importations devinrent assez fr?quentes et r?guli?res ce qui eut pour cons?quence une baisse sensible des prix. Nous avons affaire ? une esp?ce r?sistante, tr?s facile ? conserver mais il faut tenir compte de sa grande timidit?. Il s'agit d'un poisson calme, plut?t peureux et qui se laisse facilement intimider par les autres poissons. De nombreux auteurs pensent qu'il ne peut ?tre maintenu avec d'autres poissons que si ceux-ci sont calmes ou dans un aquarium contenant des invert?br?s pas trop petits. Il se cache souvent dans des crevasses ou sous des surplombs. Il devient plus actif au cr?puscule et mes sp?cimens se montrent volontiers sous la lumi?re bleue lorsque les HQI sont ?teints. Au d?but de l'acclimatation, j'ai remarqu? qu'il ne mangeait que les petits crustac?s vivants dans l'aquarium (gammares, cyclops). Il s'est rapidement mis ? d?vorer les art?mias congel?s que je distribuais aux autres poissons. Mon couple de poisson-com?te accepte toute nourriture d'origine animale: Enchytr?es, vers de vase moules, broyats divers, et m?me de la nourriture en paillettes lorsque j'en distribue accessoirement. Certains possesseurs ont ?galement distribu? des alevins de guppys. La biologie de l'esp?ce est encore inconnue ; les observations sont sporadiques, ?tant donn? le biotope fr?quent? (trous et cavernes dans le r?cif entre la surface et 30-45 m). Il convient de pr?voir des cachettes et d'?viter un ?clairage trop intense. En aquarium au moins, l'activit? est plut?t cr?pusculaire, mais non nocturne. Le poisson est cach? le plus souvent pendant la nuit et ne s'alimente pas. Un bac de capacit? modeste (200 ? 300 litres) peut suffire, car les d?placements sont limit?s.

ACTIVIT?:
En aquarium, comme probablement dans la nature, cette esp?ce montre une nette pr?f?rence pour les lieux abrit?s et sombres. Il reste de longs moments immobile, le corps oblique (t?te vers le bas le plus souvent), et ne fait que d'assez courts s?jours en pleine eau (15-30 minutes dans mon bac le soir sous lumi?re bleue quand les HQI sont ?teints). Il est, de plus, timide et dou? d'une excellente vue. Il est pr?f?rable de l'observer ? quelque distance car ses r?actions de fuite sont tr?s rapides. De jour il est difficile de les voir en pleine eau et ils ne sortent de leurs cachettes que lors de la distribution de nourriture. Avec sa nage lente et ondulante ce poisson d?ploie une majest? qui en font la digne mascotte de notre association.

LONG?VIT?, MALADIES:
La long?vit? en aquarium est pour l'instant de quatre ? cinq ans chez mes connaissances de R?cif France. MM. COND? et TERVER du mus?e de zoologie de Nancy signalent que leur premier sp?cimen ? v?cu 7 ans, malgr? des conditions relativement m?diocres, et a pr?sent? des sympt?mes d'hydropisie pendant les derniers mois. Ce sont des poissons g?n?ralement assez r?sistants. Mon plus vieux sp?cimen fut durant un certain temps en compagnie d'un Labracinus cyclophyhalmus qui l'agressait r?guli?rement avec pour cons?quence des nageoires terriblement d?chir?es. Le Labracinus f?t d?finitivement expuls? de l'aquarium lorsqu'il eut d?chir? la paroi ventrale de mon poisson-com?te. Bien que les intestins furent apparents, le Calloplesiops se remit parfaitement de cette m?saventure.

COMPORTEMENT:
Relations intersp?cifiques: Cette esp?ce inoffensive risque seulement de p?tir de la concurrence alimentaire d'esp?ces plus vives et peut aussi se faire d?chirer les nageoires ou m?me tuer. Le Mus?e de Nancy signale que leur sp?cimens ont v?cu avec des esp?ces vari?es, telles que Cromileptes altivelis (juv?nile), Dendrochirus zebra, Diploprion drachi, Symphorichthys spilurus, Acanthurus achilles, Genicanthus bellus et lamarck, Pygoplites diacanthus, Centropyge javissimus, Forcipiger javissimus et Iongirostris, et divers Labrid?s (Bodianus, Halichoeres) et Pomacentrid?s (Chromis).
Mes observations montrent que Calloplesiops peut ?tre maintenu dans un bac r?cifal en compagnie d'esp?ces relativement turbulentes et actives: Acanthurus leucosternon, Zebrazoma flavescens et autres chirurgiens, Pygoplytes diacanthus sans pour autant souffrir de concurrence alimentaire. N?anmoins des esp?ces tr?s agressives tel Labracinus cyclophyhalmus sont de v?ritables tyrans pour notre poisson. Bien entendu ce poisson convient parfaitement pour tous les bacs r?cifaux.
Relations intrasp?cifiques: Nous n'avons gu?re d'informations de son comportement dans la nature mais l'esp?ce est probablement solitaire, hormis le temps de l'accouplement. Dans mon bac mes deux individus m?nent une vie totalement s?par?e. Par contre je sais imm?diatement quand mes deux poissons ont fray?: leurs nageoires sont en lambeaux. Ces relations sado-masochistes n'ont que peu d'effet sur la sant? des poissons car g?n?ralement les nageoires se r?g?n?rent en deux ou trois jours, parfois un peu plus si les d?g?ts sont tr?s importants. La parade est violente et d?bute g?n?ralement le soir ; les partenaires tournent sur eux-m?mes, dans une attitude mena?ante ; ? mesure que les nageoires sont mordues, elles p?lissent et deviennent brun clair ou parfois transparentes. Des fragments arrach?s voltigent souvent. La parade se poursuit jusqu'? l'extinction de l'?clairage, ? la suite de laquelle les poissons disparaissent derri?re les roches. Mon aquarium ?tant accessible par l'arri?re, j'ai eu la chance de pouvoir observer le "nid"
Les oeufs, dont nombre au jug? devrait d?passer la centaine, sont accroch?s en grappe au "plafond" d'une petite grotte situ?e ? l'arri?re de l'aquarium, ils sont de couleur gris clair et fix?s par une esp?ce de filament ; apr?s environ une semaine, ils deviennent noirs, les yeux des alevins ?tant bien visibles. Le plus gros des parents, surveille la ponte et se met devant la ponte toutes nageoires d?ploy?es lorsque je m'approche de la vitre pour observer. Malgr? diverses tentatives aux m?thodes diff?rentes, je n'ai malheureusement pas pu r?cup?rer les ?ufs.

Enfin si vous n'arrivez pas ? trouver Calloplesiops altivelis vous pouvez toujours vous rabattre sur...


Calloplesiops argus
Fowler et Bean, 1930

Les m?urs de cette esp?ce sont identiques ? la pr?c?dente, aussi je ne m'attarderai que sur la description de l'animal :
La couleur de la robe est uniforme, brun?tre ? ardoise. Les ?cailles du corps, portent une tr?s petite tache ronde ? ovale de couleur blanche, certaines pr?sentent une minuscule pupille sombre et d'autres tendent ? s'allonger en un petit trait. L'ocelle de la nageoire dorsale est relativement petit, de forme ovale, limit? par un mince anneau bleu p?le. La nageoire dorsale et anale sont parcourues de bandes sinueuses bleues avec un lis?r? de noir, sur un fond brun ? rouge-brique vers l'ext?rieur. Les nageoires pelviennes sont tr?s finement ponctu?es de bleu les rayons, du moins ? l'avant sont de couleur rouge-brique. Le bord ext?rieur de la nageoire ventrale est orn? d'un lis?r? bleu.

Jean-Claude Ringwald

Extrait des Nouvelles brèves "spécial congrès". Les textes et photos restent la propriété des auteurs