La vérité sur les sources lumineuses
par
Stéphane Fournier
Ing?nieur de l'Ecole Sup?rieure d'Optique, Institut d'Optique (Orsay)
INTRODUCTION
L'éclairage est probablement le plus pointu de tous le domaines techniques
de l'aquarium, dans la mesure où les paramètres y sont variés
et les moyens en permanente évolution. Force est de constater cependant
que les rares articles et chapitres de livres publiés à ce sujet
sont l'ceuvre de professionnels de la biologie et de l'écologie, et
non de l'éclairage ou de l'optique au sens large. Par suite, la bibliographie
internationale en matière d'éclairage d'aquarium est fortement
déficitaire, et les imprécisions sont coutumières, même
de la part d'auteurs universellement reconnus pour leurs compétences
aquariologiques globales. A cela s'ajoute la difficulté de diffuser
des appréciations techniques susceptibles de déranger certaines
pratiques commerciales curieusement impunies. En matière de sources
lumineuses pour l'aquariophilie, on a pris depuis longtemps l'habitude de
vendre tout et n'importe quoi. Certes, tout matériel est perfectible
; en revanche, de simples considérations pratiques corroborées
par des expériences diverses et durables suffisent à montrer
du doigt les imposteurs. Si les plantes des eaux douces tropicales sont relativement
tolérantes en matière de quantité et de qualité
de lumière, les invertébrés photoautotrophes des récifs
coralliens présentent une " bande passante" autrement plus
étroite.
Accrochez-vous, et suivez le guide !
LES TUBES FLUORESCENTS
1. Fonctionnement
et types
Les tubes fluorescents sont remplis de vapeur de mercure basse pression. Une
décharge électrique entretenue dans ce gaz par une alimentation
spécifique induit une émission de lumière dans l'UV-C
(à 253,7 nm), qui excite à son tour la substance photoluminescente
déposée sur la face interne du tube. La quantité de lumière
émise et sa qualité dépendent de la pression du gaz et
surtout de la nature de la poudre fluorescente : les tubes à technologie
triphosphore, par exemple, permettent d'obtenir des efficacités lumineuses
inédites. Dans les lampes utilisées pour les stérilisateurs
à UV, le tube de verre est remplacé par une gaine de quartz
dépourvue de substance photoluminescente et perméable à
la longueur d'onde 253,7 nm , germicide.
Deux types de tubes fluorescents sont utilisables pour l'aquarium marin et
récifal : linéaires et compacts ; les modèles (extra-)miniatures
(culot G5) sont sous-dimensionnés, sauf exception. La puissance des
fluos linéaires courants (culot G13) dépend de la longueur du
tube et de son diamètre ; ces lampes existent en version standard (S.O.
= Standard Output), haute puissance (H.O. = High Output) et très haute
puissance (V.H.O. = Very High Output). Les tubes H.O. et V.H.O. ont généralement
une meilleure efficacité lumineuse, du fait d'une pression plus élevée
du gaz à l'intérieur du tube.
L'alimentation conventionnelle des tubes fluorescents linéaires est
réalisée en associant un (ou plusieurs) ballast(s) à
un (ou plusieurs) starter(s) selon un schéma de branchement mono, duo,
ou tandem. L'utilisation de lampes H.O. et V.H.O. peut impliquer celle de
ballasts spéciaux (800 mA et 1500 mA, respectivement) qui peuvent,
par rapport aux ballasts standards (400 mA), représenter un surcoût
important à l'utilisation. Certains fluos compacts, en revanche, possèdent
une alimentation électronique intégrée dans le culot
de la lampe : malheureusement, aucun de ceux-ci ne satisfait les besoins d'un
aquarium marin. Dans la suite, le cas des lampes compactes sera donc limité
à certains tubes alimentés par un dispositif externe.
2. Les tubes fluorescents "lumière du jour"
La plupart des tubes "lumière du jour" ont été
conçus pour l'éclairage courant et sont assez bon marché
à ce titre. Il produisent une lumière neutre (Tc = 5000 K) à
froid bleuté (Tc = 6500 K) d'aspect semblable à la lumière
du jour naturelle. En revanche, ceci signifie rarement que le spectre solaire
a été fidèlement reconstitué!
Les Daylight Standard (Osram 10, Sylvania D 154) présentent un spectre
assez plein qui s'étend des bleus aux jaunes ; les rouges sont moins
bien représentés. Même s'il ne s'agit pas à proprement
parler d'un usage inadapté, le Daylight Standard est, parmi les tubes
"lumière du jour", le moins approprié à l'aquarium
marin.
Les grands fabricants de sources lumineuses ont en effet mis à profit
la technologie tri-phosphore dans les Daylight Haut Rendement (Osram 11, Philips
TLD/86, Sylvania DX 186) aux performances globalement meilleures. Leur efficacité
lumineuse exceptionnelle, entre autres, leur confère un très
grand intérêt pour l'éclairage de l'aquarium récifal
: ils autorisent en effet des niveaux d'éclairement auparavant inaccessibles
aux fluos. Cependant, le spectre du Daylight Haut Rendement est plutôt
creux en dehors des trois pics principaux (430, 545 et 615 nm environ : caractéristiques
des tubes triphosphores) et il ne compense que très partiellement la
faiblesse dans les rouges du Daylight Standard. Même si le rendement
de croissance passe approximativement de 140 à 170 mW/W, cette lacune
peut être rédhibitoire pour certains invertébrés
des zones peu profondes. Le recouvrement du spectre réalisé
au moyen de tubes "blanc doré" (Tc = 2700 K) ou "blanc
chaud" (Tc = 3000 K), riches en radiations rouges, n'est pas optimal.
Les versions Haut Rendement ("blanc doré": Osram 41 INTERNA,
Philips TLD/82, Sylvania HLX 182 - "blanc chaud": Osram 31, Philips
TLD/83, Sylvania WWX 183) sont des lampes triphosphores ; leur spectre incomplet
présente, comme celui du Daylight Haut Rendement, un pic jaune-vert
intense et susceptible de favoriser l'apparition d'algues indésirables.
Leurs homologues Standard et Haute Qualité sont rarement plus équilibrés
et présentent toujours des limitations intrinsèques : d'une
part, leur température de couleur contrarie la restitution de l'ambiance
bleutée de la lumière du jour ; d'autre part, les radiations
émises sont vite absorbées par l'eau de mer et ne seront utiles
qu'à faible profondeur.
Plus riches dans les rouges que les tubes "lumière du jour"
précités, les Daylight Haute Qualité (Osram 12, Philips
TLD/950 et PL-L/95, fluo compact) brillent par leurs qualités esthétiques
alors que les Daylight Haute Définition (Osram 72 BIOLUX, Philips TLD/965
et Sylvania ACTIVA 172, moins équilibré dans les rouges) sont
presque identiques à la lumière du jour naturelle : leur indice
de rendu des couleurs proche de la perfection s'explique par un spectre sans
lacunes. Leur usage seul sera le plus souvent limité par une efficacité
lumineuse insuffisante ... et un prix qui n'est plus toujours celui des fluos
d'usage courant ! A titre d'indication, un tube Osram 72 BIOLUX est environ
deux fois plus cher qu'un Osram 11 de même puissance. Ceci dit, le Daylight
Haute Définition devrait satifaire seul les besoins d'un micro-récif
ou d'un aquarium marin suffisamment peu profond. D'une manière générale,
une association de Daylight Haut Rendement (pour l'éclairement) et
de Daylight Haute Définition (pour le recouvrement du spectre) à
raison de 1:1 environ (en W) fournira une source "lumière du jour"
très acceptable si on ne veut pas utiliser une solution plus pointue.
3. Les tubes fluorescents bleus et actiniques
Les tubes fluorescents actiniques présentent, entre autres, des propriétés
thérapiques en dermatologie et sont capables de polymériser
certaines substances synthétiques. Leur vocation première n'est
donc pas d'éclairer un aquarium ! Ils sont cependant devenus, en compagnie
des tubes fluorescents bleus, des acteurs quasi-incontournables de l'éclairage
pour l'aquarium marin. Dans ce domaine, on distingue habituellement les Supra
Actiniques (émission intense dans le visible et résiduelle dans
l'UV-A, maximum à 420-430 nm) des Actiniques (émission intense
dans l'UV et résiduelle dans le visible, maximum à 350-370 nm).
Les tubes fluorescents bleus et Supra Actiniques compensent leur faible efficacité
lumineuse par une absorption minimale dans l'eau de mer et des maxima d'émission
proches du pic à 440 nm de la chlorophylle a. Ils sont donc susceptibles,
mieux que n'importe quel tube blanc, d'apporter une lumière utile à
la photosynthèse au plus profond de l'aquarium. Les Actiniques produisent
principalement des rayons UV-A assimilables par de nombreux organismes autotrophes.
Ceci dit, le danger d'une surexposition dangeureuse demeure, y compris pour
ce qui concerne les UV-B résiduels : ces lampes seront donc l'apanage
d'amateurs expérimentés et perfectionnistes.
Les principaux tubes Actiniques (Philips TL/05, TL/09) sont disponibles dans
de nombreux formats, y compris miniature, H.O. et V.H.O. ; le fluo compact
Osram 78 (UV-A) complète la gamme et pourra équiper un projecteur.
Le Philips TL/03, superstar des tubes Supra Actiniques, est identique spectralement
au Philips TL/03 Aquacoral plus récent (il s'agit à l'origine
d'une lampe destinée aux laboratoires et aux applications spéciales...),
mais présenté dans des puissances parfois différentes
: on dispose globalement de versions S.O., H.O. et V.H.O., qui font le bonheur
d'aquariums innombrables de part le monde. Le modèle compact Osram
71 BLUE est une alternative à ne pas négliger pour des applications
délicates.
Les tubes fluorescents bleus (Osram 67, Philips TLD/18, Sylvania Bleu) présentent
un spectre plus large et plus équilibré que celui des Supra
Actiniques, avec un pic actinique à 420 nm et un maximum à 440-450
nm correspondant parfaitement au spectre d'absorption de la chlorophylle (au
sens large). Utilisés seuls sur l'aquarium, ils restitutent une ambiance
d'un bleu profond à la limite de la fluorescence et très semblable
au milieu sous-marin à quelques mètres de profondeur. Ces caractéristiques
et leur adaptation immédiate dans des luminaires standards font des
fluos bleus les sources lumineuses idéales pour assurer les transitions
jour / nuit.
Cependant, un tube fluorescent bleu ne représente pas toujours le meilleur
moyen de refroidir l'ambiance fournie par une source "lumière
du jour". A ce niveau, il faut chercher à obtenir un recouvrement
optimal du spectre, c'est-à-dire que la source bleue (ou assimilée)
devra au mieux combler les lacunes spectrales de la source blanche. Ainsi,
il s'avère qu'un Supra Actinique complète efficacement la plupart
des Daylight (seul Osram 72 BIOLUX présente un pic actinique significatif),
alors qu'un tube fluorescent bleu sera plus approprié pour seconder
les tubes fluorescents spéciaux ou les lampes aux halogénures
métalliques (HQI). En revanche, le tube Blue Moon (Interpet Ltd.) est
une solution quasiment universelle : il réunit en effet les qualités
spectrales d'un Supra Actinique et d'un tube fluorescent bleu au sein d'un
véritable Actinique Bleu !
4. Les tubes fluorescents spéciaux
Devant l'importance croissante du marché, les distributeurs de matériel
pour l'aquariophilie se sont attaqués au problème de l'éclairage
avec plus ou moins de succès. Dans ce domaine technologique en permanente
évolution on essaye parfois de vendre des " canards boîteux
" en exploitant la crédulité de l'acheteur potentiel. La
désinformation va bon train, avec à sa tête une ribambelle
d'imposteurs et de solutions inadaptées. Catalogue :
La palme sera sans conteste attribuée à HAGEN dans le domaine
des tubes fluorescents "lumière du jour": Sun-Glo. (Tc =
4200 K) ressemble à s'y méprendre à un simple Osram 20
("blanc industrie": Tc = 4000 K, I.R.C. = 62) et on a du mal à
différencier le spectre de LifeGlo, (Tc = 6700 K) de celui d'un Daylight
Haut Rendement (en particulier Sylvania DX 186): le réflecteur incorporé
ne suffit pas à justifier un prix prohibitif. Ainsi, aucun des deux
tubes d'HAGEN ne peut donc prétendre au spectre solaire complet que
chacun revendique, d'autant plus qu'ils sont très différents
l'un de l'autre... et qu'il n'y a qu'une seule lumière du jour ! PENN-PLAX
Ultra Tri-Lux® s'apparente davantage à Osram 11 (Daylight Haut
Rendement) et ne restitue pas plus le spectre de la lumière du jour
naturelle que ses homologues grand public. L'antique True-Lite. de Duro-Test
est quant à lui un Daylight Haute Qualité : son efficacité
lumineuse, même dans la version Powertwist, n'est hélas pas proportionnelle
au prix affiché !
Du côté des tubes fluorescents bleus et actiniques, le HAGEN
Marine-Glo® est presque identique aux Osram 67, Philips TLD/18 et Sylvania
Bleu d'usage courant, alors qu'il fait parfois une concurrence usurpée
aux vrais Supra Actiniques.
Les tubes fluorescents horticoles classiques ont souvent été
utilisés sur des aquariums marins sur la conjecture que leur émission
recouvre parfaitement le spectre de la chlorophylle. D'une part, les algues
marines utilisent de nombreux pigments secondaires qui nécessitent
globalement un spectre solaire complet. D'autre part, l'efficacité
lumineuse dérisoire des lampes horticoles (20 à 40 lm/W environ)
est d'autant plus critique que la lumière sera très vite absorbée
par l'eau de mer : l'utilisation en eau douce est déjà superflue
au-delà de 40-50 cm de hauteur. Les HAGEN Aqua-Glo, (et Flora-Glo®,
moins horticole spectralement parlant...), PENNPLAX Aquari-Lux® et autres
Osram 77 FLUORA ou Sylvania GRO-LUX n'ont donc rien à faire sur un
aquarium marin. Le plus performant des tubes horticoles en 36 W (Osram 77
FLUORA), tant pour le flux lumineux que pour la photosynthèse, présente
une efficacité lumineuse (39 lm/W) et un rendement de croissance (110
mW/W) respectivement 40 % et 100 % en deçà des caractéristiques
du Philips TLD 36W/950 (respectivement 65 lm/W et 220 mW/W), Daylight Haute
Qualité. Avis aux amateurs d'eau douce...
Cette étude aurait une allure de pamphlet si certains spécialistes
ne proposaient pas des lampes dignes d'intérêt. Sur les bases
du Daylight Haut Rendement, quelques distributeurs se sont associés
à des éclairagistes pour mettre au point un tube fluorescent
répondant à la fois aux besoins des aquariums d'eau douce et
d'eau de mer : le Triphosphore Universel (Interpet Ltd./Thom EMI plc. Triton®
, HAGEN Power-Glo, et PENN-PLAX Tri-Lux®, mais aussi Philips IL/89 Aquarelle
et Arcadia/Sylvania Aquastar, perfectibles malgré une température
de couleur prometteuse : Tc = 10000 K) hérite d'une efficacité
lumineuse élevée (variable selon les marques mais au moins 60
% de celle du Daylight Haut Rendement) et bénéficie de caractéristiques
spectrales qui correspondent aux besoins des invertébrés autotrophes
: on retrouve les trois pics des triphosphores (430, 545 et 615 nm environ)
et une émission riche dans les bleus. La bonne surprise se situe au
niveau des rouges-orangés, littéralement "boostés"
(pic géant à 615 nm) et suffisamment enrichis pour pénétrer
assez profondément dans l'aquarium. L'usage de Triton®ou Power-Glo®
seul sur un aquarium récifal peu profond donne de bons résultats
et évite surtout de se perdre dans des combinaisons exotiques, même
si une telle performance a son prix. Notez que certains amateurs reportent
des symptômes de surexposition UV en l'absence de verre de couverture
: précision à ne pas négliger.
Forts du succès des combinaisons associant les tubes fluorescents "lumière
du jour" aux actiniques, certains producteurs distribuent des Daylight
Actinique, lampes mixtes qui associent le spectre d'un Daylight Haut Rendement
à celui d'un Supra Actinique : il s'agit principalement de LIFEGUARD,
Primetinic® (Rainbow Lifeguard®). Ces tubes, qui sont équipés
d'un réflecteur à 180° incorporé, constituent une
source de référence, un peu dépouillée dans les
rouges, cependant. Une association avec des Daylight Haute Qualité
(à raisin de 1:1 en W) semble être optimale. Le recouvrement
de spectre fourni par LIFEGUARD® Bio-Lume® (et préconisé
par Rainbow Lifeguard®...) donne également de bons résultats
: ce tube fluorescent Horticole Universel répond non seulement aux
besoins de la chlorophylle, mais aussi à ceux de nombreux pigments
secondaires. Son efficacité lumineuse, sans commune mesure avec celle
des tubes horticoles classiques, est accentuée par un réflecteur
interne à 180°.
L'arrivée sur le marché européen de tubes spéciaux
H.O. et V.H.O. en provenance des Etats-Unis promet encore de beaux jours aux
fluos sur l'aquarium récifal. Ceci dit, le premier d'entre eux (Aqua,
Voltarc Marine) s'est montré très décevant quant à
l'efficacité lumineuse et fait pâle figure au regard des tubes
Daylight Haut Rendement et dérivés, malgré sa puissance
électrique supérieure.
LES LAMPES À DÉCHARGE
I. Les OSRAM Powerstar® HQI
De toutes les lampes à décharge proposées par les industriels
de l' éclairage, très peu sont recommandables pour l'aquarium.
Les lampes aux iodures métalliques (ou HQI, du nom des lampes Osram
; HIT est une dénomination plus adaptée) se sont montrées
comme étant les seules pouvant satisfaire aux critères d'un
bac marin ou récifal : elles présentent le spectre le plus équilibré
et le meilleur indice de rendu des couleurs, tout en affichant une efficacité
lumi
neuse très raisonnable. Cependant, même au sein des halogénures
métalliques, il faut être prudent avant de désigner l'élue,
car peu ont fait leurs preuves. Seul Osram, parmi les grands éclairagistes,
distribue des lampes exemptes de faiblesses cruciales : les Powerstar®
HW/D (D pour Daylight : Tc = 5200 à 6000 K) présentent un spectre
semblable à celui de la lumière du jour naturelle ; seul un
pic vert (à 540 nm environ) vient contrarier une uniformité
sans faille signi
ficative. Il faut prêter une attention particulière au type de
lampe ; en effet, Osram fabrique aussi des lampes NDL (Neutre de Luxe : Tc
= 4300 K) dont le pic marqué dans les jaunes peut induire des proliférations
d'algues encroûtantes
indésirables. Les HQI/NDL, si on exclue les 70 et 150 W UVS (pour UV-STOP)
plus récents, produisent d'autre part plus d'ultra-violets que leurs
homologues Daylight. Malheureusement, de nombreux systèmes d'éclairage
intégrés du
commerce sont équipés de ces lampes inadéquates, sans
filtre approprié. Seul Aqualine Buschke (ab) propose un filtre de correction
spectrale (ab-aquaspectral), qui transforme le Neutre de Luxe en Daylight
moyennant une absorption de 10 % environ (imputable à l'élimination
du pic jaune par le filtre). Ce matériel, malheureusement difficile
à trouver en France, a pendant longtemps représenté la
solution incontournable pour disposer d'un HQI "lumière du jour"
de faible puissance. En effet, les HQI/D n'ont longtemps été
disponibles qu'à partir de 250 W. L'apparition récente des lampes
70 et 150 W/D est une panacée pour de nombreux amateurs. Il reste que
des sources de puissance inférieure à 150 W sont peu recommandables
pour l'aquarium récifal étant donnée l'échelle
des éclairements à respecter ; elles sont bien sûr à
conseiller vivement aux futurs propriétaires d'un bac de poissons marins
ou d'un micro-récif.
Même les HQI/D présentent un aspect insuffisamment froid pour
l'aquarium marin : les amateurs perfectionnistes feront en sorte d'obtenir
une teinte plus bleutée. Les tubes fluorescents bleus et/ou Supra Actiniques
procurent un très bon complément esthétique mais ne sont
pas indispensables quant aux exigences des invertébrés marins
: une variante économique et de plus en plus répandue consiste
à seulement les utiliser pour les transitions jour / nuit, où
ils font merveille. L'utilisation de tubes bleus est optimale car ils offrent
un meilleur recouvrement du spectre : les HQI/D présentent en effet
un pic à 410 nm (environ) qui rend totalement superflue l'utilisation
de sources Supra Actiniques pour cette application. Le filtre ab-aquaspectral
peut également servir à améliorer la teinte des lampes
Daylight : il en résulte une augmentation de la température
de couleur (1000 K approximativement) et une légère perte de
flux lumineux.
Reste l'argument principal contre les HQI : leur prix. La dépense peut
en effet paraître prohibitive pour le budget des petites installations.
A bien y réfléchir, l'investissement dans une association de
tubes fluorescents qui fournirait un éclairement équivalent
n'est pas non plus négligeable (d'autant plus qu'on y perd le bénéfice
de l'intensité, entre autres) et risque même d'être plus
conséquent au moment de changer les lampes. Bien qu'étant chères
dans l'absolu, les HQI ont en fait un rapport qualité / prix très
satisfaisant. Pensez à ce que peut coûter un aquarium récifal
mal éclairé...
2. Les lampes aux halogénures métalliques spéciales
Devant la demande croissante en HOT de la part des aquariophiles, certains
distributeurs spécialisés proposent des lampes originales ;
néanmoins, toutes ne sont pas conçues pour l'éclairage
de l'aquarium.
Arcadia, par exemple, distribue depuis 1992 des HQI-Marine aux performances
qualitatives prometteuses (Tc = 6500 K) et disponibles en 150 (culot E27)
et 250 W (culot E40). Ces lampes présentent malheureusement des faiblesses
considérables, en particulier une très faible stabilité
de la température de couleur dans le temps. En effet, celle-ci chute
beaucoup plus rapidement que celle des Osram Powerstar®, si bien que cet
avantage n'est que de courte durée. D'autre part, des scléractiniaires
éclairés avec ces sources lumineuses exhibent parfois des pertes
de couleur qui régressent vite si on utilise à nouveau des HQI/D
: ceci est probablement imputable à un manque d'UV-A des lampes Arcadia
et à la faible intensité produite par leurs réflecteurs
spécifiques. Ces projecteurs sont suffisamment bien conçus pour
éviter les risques de brûlures mais ils induisent des pertes
lumineuses considérables si on les utilise sans précautions.
Aqualine Buschke, déjà connu pour ses combinaisons HQI-fluos
de très bonne facture (ab-aquasunlight), crée l'évènement
avec une lampe aux iodures métalliques recréant l'aspect de
la lumière du jour à 5 mètres de profondeur (Tc = 10000
K): aqualine 10000, disponible en 150 (culot Rx7s) et 250 W (culot Fc2). Il
s'agit de la première lampe HQI spécialement étudiée
pour l'éclairage de l'aquarium marin et récifal, et elle regroupe
à ce titre toutes les qualités requises. Si on remplace un HQI/D
par une lampe aqualine 10000 de même puissance, on constate des changements
importants sur les scléractiniaires irradiés : les couleurs
s'intensifient considérablement, alors que le taux de croissance des
spécimens augmente. La photosynthèse supérieure des zooxanthelles
est corroborée par une légère hausse du pH (0,05 à
0,1) qui traduit la consommation plus importante du dioxyde de carbone. Etant
donnée l'absorption relativement faible de la lumière bleutée
par l'eau de mer, l'utilisation d' aqualine 10000 permet de disposer des animaux
exigeants au plus profond de l'aquarium. Corrélativement, il faudra,
avec ces lampes, 30 à 50 % de puissance en moins qu'avec des HQI/D
pour obtenir des résultats équivalents. Toutes ces caractéristiques,
associées à un prix raisonnable et à une intégration
immédiate dans les luminaires courants, font de aqualine 10000 la meilleure
source lumineuse disponible actuellement pour l'éclairage de l'aquarium
récifal.
Le développement du marché des lampes aux halogénures
métalliques pour l'aquariophilie suscite une véritable inflation
de la température de couleur : le but des distributeurs spécialisés
semble être désormais de proposer la lampe la plus bleue possible
! Autant l'aspect des lampes Osram n'est pas assez bleuté pour l'aquarium
marin, autant une température de couleur excessive présente
certains dangers. Si on considère les HQI/D comme point de départ,
il y a a priori deux façons d'augmenter la température de couleur
de la lampe sans avoir recours à un dispositif externe : en modifiant
les proportions et la nature des gaz halogènes et des terres rares
dans l'ampoule, on peut, pour schématiser, soit ajouter des bleus,
soit retirer des jaunes/rouges. Dans le premier cas, idéal, la température
de couleur augmente, sans nécessairement altérer le flux lumineux
; dans le second cas, la source est refroidie mais doit supporter une perte
parfois considérable d'efficacité lumineuse. Il en résulte
d'autre part un appauvrissement considérable des rouges qui peut être
critique pour des invertébrés fragiles. Les fabricants des lampes
distribuées par Arcadia et ab ont visiblement su, indépendamment
des autres caractéristiques, contourner le piège, car leurs
produits ont des performances énergétiques très raisonnables.
En revanche, les nouvelles Osram HQI-T 400 W/Blue (culot E40) et les Marine
Blue (lampes Radium de 400 W utilisées depuis longtemps pour l'éclairage
des monuments ; les 250 W sont plus récentes) payent leur température
de couleur exceptionnelle (Tc > 20000 K) par un flux lumineux dérisoire
: elles sont aux HQI ce que les tubes bleus sont aux fluos. Cependant, l'éclairage
de l'aquarium récifal avec ces seules lampes est possible tant que
les animaux hébergés ne dépendent pas trop des longueurs
d'onde rouges ; il s'avère en effet que la radiation émise est
beaucoup plus active photosynthétiquement (pic géant autour
de 450 nm, comme celui des tubes fluorescents bleus) que visible pour l'oeil
humain. Ceci dit, il faudra prévoir des puissances importantes pour
obtenir une irradiation suffisante et ne pas oublier le filtrage des UV, en
particulier pour des animaux prélevés à plus de 5 mètres
de profondeur. En conclusion, il apparaît qu'une température
de couleur proche de 10000 K fournit une ambiance optimale sans contreparties
majeures. Les sources lumineuses plus froides et bleutées n'auront
pas besoin, en général, d'être très intenses pour
pénétrer au plus profond de l'aquarium.
3. Solutions sans avenir
Les lampes aux halogénures métalliques fonctionnent grâce
à l'excitation des molécules d'un gaz de mercure par une décharge
électrique (i.e. nécessité d'une alimentation spécifique).
Des halogénures de métaux sont ajoutées à la vapeur
de mercure pour équilibrer le spectre lumineux. Ne confondez en aucun
cas les HQI avec des lampes à vapeur de mercure (ou HQL, du nom des
lampes Osram) ! Ces dernières, encore très répandues
dans le commerce spécialisé, n'ont plus rien à faire
sur un aquarium marin depuis l'avènement des HQI. Toutes leurs caractéristiques
témoignent de leur inadéquation : efficacité lumineuse
moyenne ( 60 lm/W), indice de rendu des couleurs presque passable (I.R.C.
70) et température de couleur chaude à neutre (Tc 4100 K). Leur
utilisation en eau douce est elle-même très contestable...
Les lampes à vapeur de sodium présentent, dans leurs versions
basse pression, une efficacité lumineuse exceptionnelle (jusqu'à
200 lm/W). Leurs qualités spectrales déplorables sont malheureusement
rédhibitoires pour l'usage sur un aquarium marin.
Les halogènes ne sont pas des lampes à décharge, avec
lesquelles elles ont cependant un point commun pour l'aquariophile : on les
utilise dans des projecteurs. Susceptibles d'apporter un rayon de soleil dans
l'aquarium, elles peuvent aussi satisfaire, associées à des
tubes fluorescents bleus, les besoins de nombreux invertébrés
marins peu exigeants. En revanche, leur efficacité lumineuse est insuffisante
à un point qu'elle fera vite oublier le faible investissement de départ
par le biais d'une facture d'électricité salée... Les
HQI ne se montrent finalement pas plus coûteux et présentent
des performances très supérieures à tout point de vue.
CONCLUSION
Le spectre d'une source lumineuse et ses caractéristiques énergétiques
ne suffisent pas à affirmer qu'elle conviendra pour l'éclairage
de l'aquarium récifal. En revanche, ces considérations purement
techniques, corrélées aux exigeances bien connues des invertébrés
à zooxanthelles, permettent à elles seules de disqualifier une
grande proportion de prétendantes. L'important dans l'histoire est
de ne jamais confondre le nécessaire et le suffisant. Des performances
théoriques inadéquates suffisent à éliminer un
matériel, des données a priori satisfaisantes sont simplement
une étape nécessaire, qui ne saurait contourner une expérimentation
in vivo à long terme. Les professionnels de l'aquariophilie qui commercialisent
des sources d'éclairage ont souvent tendance à oublier ces données
scientifiques élémentaires, puisqu'il prétendent offrir
la panacée en quelques chiffres synthétiques et bien choisis.
Si vous vous posez encore des questions pour l'éclairage de votre aquarium
marin ou que vous souffrez de résultats peu satisfaisants, faites moins
confiance aux publi-informations qu'à des témoignages qui reposent
sur des protocoles d'observation objectifs. La communication entre amateurs
est le meilleur moyen de progrès ; les prétentions de cet article
ne vont pas au-delà.